Engagées dans une stratégie de modernisation des systèmes de paiement, les autorités mauritaniennes ont décidé de donner une nouvelle valeur faciale à la monnaie nationale.
Le gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie (BCM), Abdel Aziz Ould Dahi, et le chargé de communication de l’institution, Sid’Ahmed Ould Zakr, ont expliqué cette nouvelle option, mardi après-midi, au cours d’une conférence de presse marathon.
La finalité principale de la réforme, consignée dans une feuille de route comportant 5 mesures, vise à "rendre les transactions commerciales plus formelles et plus fluides, lutter contre le blanchiment d’argent et le faux monnayage et redonner à l’ouguiya plus de valeur".
Cette feuille de route comporte, selon la BCM:
- la démonétisation des billets et pièces en circulation pour protéger la monnaie nationale, l’ouguiya, contre la falsification et leur remplacement par des séries plus fortes, plus sûres, plus durables et plus novatrices. Tous les nouveaux billets seront en polymère.
Lire aussi : Mauritanie. Crise économique, le FMI recommande diversification et mise à niveau des infrastructures
- le renforcement de la valeur de la monnaie nationale par la réintroduction et l'encouragement de l’usage des pièces de monnaie pour simplifier les opérations commerciales, ainsi que la comptabilisation et l’expression des valeurs monétaires. Cela passe par un changement de la valeur de base de l’ouguiya qui consiste à supprimer un zéro sur chacune des dénominations (100 MRO=10 MRU et 10 MRO=1MRU).
- l'accélération de la bancarisation et de l’accès aux services financiers sur tout le territoire national grâce à cette opération.
- la vulgarisation des moyens de paiement électroniques et scripturaux comme alternative à l’usage excessive du cash.
- la mise en place d’un Conseil national de paiement (CNP) regroupant tous les acteurs concernés par ces problématiques.
Les nouveaux et les anciens billets auront cours légal jusqu’à la fin de l’année 2018.
Lire aussi : Mauritanie: interrogations autour de la forte dépréciation de l'ouguiya
Pas de dévaluation
Par ailleurs, interpellé sur une flexibilité de l'ouguiya recommandée par le FMI, le gouverneur de la BCM a nié tout lien entre les nouvelles mesures et une baisse éventuelle de la valeur de la monnaie nationale (dévaluation). Selon lui, cette mesure n'a rien à voir avec le FMI. Elle a été prise dans le cadre d’une stratégie nationale que la Banque centrale a pris soin de préparer pendant quatre ans.
Or, bien que les réserves de change, qui s'élèvent à 850 millions de dollars, sont relativement importantes et permettent d’assurer plus de 5 mois d’importation, elles sont en augmentation constante. De plus, «nous n’avons pas de déficit budgétaire. Si on n’a pas dévalué en 2015, alors que le déficit du compte courant était de -29% et que les matières premières avaient chuté de manière drastique, pourquoi le ferions-nous aujourd’hui?», s'est justifié le gouverneur de la Banque centrale.