Mauritanie: la «2e République», une diversion pour un 3e mandat présidentiel

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Le 09/10/2016 à 09h31, mis à jour le 09/10/2016 à 09h49

Changement du drapeau, de l’hymne national et donc l’abrogation de la constitution, ce sont quelques-unes des propositions de l’Union pour la république, parti du président Ould Abdelaziz lors des assises du Dialogue national inclusif. Objectif inavoué, offrir un troisième mandat au président.

Une 2e république avec le changement du drapeau et la mise en place d’un nouvel hymne national, voilà quelques unes des propositions de l’Union pour la république (UPR), parti du président Mohamed ould Abdelaziz. Des propositions qui ont surpris plus d’un parmi les participants de l’opposition dite modérée aux assises du Dialogue national inclusif lancé le 29 septembre dernier.

Pour les analystes, ces propositions qualifiées de fantaisistes par de nombreux observateurs visent essentiellement l’abrogation de la constitution de juillet 1991, modifiée par voie référendaire le 19 juin 2006 et qui sert de gouvernail à l’organisation des différents pouvoirs institutionnels. Ainsi, une nouvelle constitution verrait le jour ouvrant la voie au président ould Abdelaziz pour un, deux ou plusieurs autres mandats à la tête du pays, sachant que les articles 28, 29 et 99 de la loi fondamentale actuelle interdisent toutes modifications touchant à la limitation à deux du nombre de mandats du président de la République.

En clair, les partisans du président entendent offrir à Mohamed Ould Abdelaziz un troisième mandat, «intelligemment» emballé dans l’avènement d’une deuxième République.

Mieux, certaines voix proches de l’UPR n’ont pas hésité à solliciter une «Présidence à vie» pour Mohamed Ould Abdelaziz, histoire de récompenser ses qualités de «grand bâtisseur d’infrastructures», qui a rendu «la dignité aux pauvres». Et dans ce qui ressemble plutôt à un jeu de surenchères entre partisans du président, certains ont même demandé la transformation de la Mauritanie en royaume pour garantir le maintien du pouvoir actuel, déclenchant une violente réaction dans la salle abritant l’atelier dédié aux réformes de la constitution. Le porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, connu comme étant l’un des fervents soutiens du président pour un troisième mandant, a souligné, une fois de plus, que le président de la République devrait avoir le droit de bénéficier d’autant de mandats qu’il voudrait.

Ainsi, comme l’avait souligné l’opposition radicale mauritanienne, qui a préféré boycotter ce dialogue, ces rencontres n’ont qu’un seul objectif : modifier la constitution pour offrir un troisième mandat au président qui a pourtant prêté serment sur le Coran de respecter les dispositions constitutionnelles.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 09/10/2016 à 09h31, mis à jour le 09/10/2016 à 09h49