Mauritanie-France: Biram ould Dah à l’Elysée, Nouakchott proteste

Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'IRA.

Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'IRA. . DR

Le 02/11/2016 à 01h30, mis à jour le 02/11/2016 à 07h56

Le gouvernement mauritanien a vivement protesté auprès de la France, après une réception à l’Elysée, avec tous les honneurs, de Biram Ould Dah Ould Abeid, leader de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).

Biram ould Dah ould Abeid a été reçu en audience au Palais de l’Elysée par le Conseiller Afrique du président François Hollande, Thomas Melonio, qui fait office de chef de la cellule Afrique, depuis le départ pour une mission diplomatique extérieure de Mme Hélène Le Gal, renseigne le bulletin de l’IRA.

Une rencontre au cours de laquelle plusieurs questions ont été abordées, notamment «la campagne pour la libération de 13 militants antiesclavagistes arrêtés en juillet dernier à Nouakchott, la question des droits de l’homme en Mauritanie, les derniers développements politiques et la situation sécuritaire au Sahel».

Le leader de l’IRA a saisi l’occasion de cette audience pour dénoncer «les manœuvres de Mohamed Ould Abdel Aziz visant à perpétuer son régime de discrimination, de prédation et de gestion autocratique», explique la même source.

Selon Monde Afrique, cette réception à l’Elysée a très fortement irrité les autorités mauritaniennes qui n’ont pas manqué de protester auprès des plus hautes autorités françaises. Selon le journal, «en se rendant vendredi dernier à Paris, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ould Ahmed Izilbih, a protesté auprès du conseiller Afrique de l’Elysée, Thomas Melonio, qui avait accordé une audience au chef de l’opposition non parlementaire, Biram Dah Abeid, à la tête du mouvement anti-esclavagiste IRA».

Et selon Monde Afrique, «cette rencontre qui est une première entre le conseiller Afrique de François Hollande et Biram Dah Abeid ne peut qu’accroitre les inquiétudes du régime du président Aziz, qui ne bénéficie plus en France, comme ce fut le cas au début du quinquennat, du soutien indéfectible des autorités officielles».

Alors que son organisation est «décapité» en Mauritanie avec l’emprisonnement de ses cadres -13 membres de l’IRA on été condamnés à des peines de prison allant de 3 à 15 ans-, le leader de l’IRA poursuit sa tournée dans le monde pour informer de l’esclavage en Mauritanie et du sort des membres de son mouvement.

Et aujourd’hui, au-delà de cette réaction inspirée par la tradition diplomatique, le régime de Nouakchott nourrirait d’autres inquiétudes. Dont celle liée à la crainte d’un rapprochement entre l’opposition classique et la mouvance abolitionniste.

La première composante est incarnée par le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et la coalition du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU). La deuxième entité est représentée par l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) de Biram Ould Dah Ould Abeid.

Une perspective qui ne relève plus d’une simple vue de l’esprit après l’imposante marche commune du samedi 29 octobre, suivie d’un méga meeting, estiment les observateurs dans la capitale mauritanienne.

La mouvance antiesclavagiste, avait, auparavant, toujours présenté les régimes qui se succèdent à Nouakchott et l’opposition incarnée par Ahmed Ould Daddah, comme les deux faces d’une même pièce de monnaie constituant un seul système qui vise à perpétuer l’esclavage et le racisme en Mauritanie.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 02/11/2016 à 01h30, mis à jour le 02/11/2016 à 07h56