Face à la situation de défiance qui règne entre les différents acteurs politiques en Mauritanie depuis plusieurs années, l’Organisation des Nations unies (ONU) recommande un dialogue véritablement inclusif.
Cette position a été clairement exprimée vendredi soir 10 mars par le représentant spécial du secrétaire général de l’organisation mondiale en Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, à l’issue d’une audience que lui a accordée le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Après un entretien avec le chef de l’Etat, le responsable régional onusien a plaidé en faveur "d’un dialogue direct qui permettra aux Mauritaniens de trouver des solutions face aux défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires auxquels sont confrontés le pays et le Sahel".
Au plan sous régional, Chambas a expliqué les attentes de l’ONU en matière de coopération et de coordination au sein des pays du G5 Sahel -Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad- dans le cadre d’une action commune de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière mais en faveur du développement économique.
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Lors de sa visite à Nouakchott, l’émissaire du SG de l’ONU en Afrique de l’Ouest a également rencontré le président de l’Institution de l’opposition démocratique (IOD), Mohamed Ould Mohamed El Hacen.
Exposant la situation qui prévaut en Mauritanie, Ould Mohamed El Hacen, qui est issu de la mouvance islamiste modérée, a rendu «le pouvoir responsable de tous les blocages à l’origine de la persistance de la crise multidimensionnelle dans laquelle se débat la Mauritanie depuis plusieurs années».
Le leader de l’opposition a rappelé ainsi que toutes les tentatives visant à organiser une concertation inclusive entre le pouvoir et l’opposition en Mauritanie se sont soldées par des échecs, depuis l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, qui a permis un retour à l’ordre constitutionnel après le putsch du général Mohamed Ould Abdel Aziz.
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En 2011 et 2016, quelques partis se réclamant d’une opposition dite modérée ont bien pris part à un dialogue initié par le pouvoir. Mais ces assises ont été à chaque fois boycottées par le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, une vaste coalition d'opposition) et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d'Ahmed Ould Daddah.
C’est à l’issue d’un dialogue sans ces partis, organisé en septembre-octobre 2016, que le gouvernement mauritanien a initié des réformes constitutionnelles portant sur la suppression du Sénat, le changement du drapeau, etc.
L’opposition sonne la mobilisation pour faire échec à ce qu’elle présente comme «une forfaiture».
Cette situation tendue entre le pouvoir et l’opposition sert de toile fond à la visite de Ibn Chambas à Nouakchott.
Il est là pour rappeler quelques principes de base: «seule la vraie démocratie est un gage de stabilité et de sécurité des institutions. Une opposition républicaine et responsable est une nécessité dans un système démocratique».
La Mauritanie est dirigée par des officiers recyclés dans la politique et ce, depuis 1978, exception d’une période de 15 mois marquée par le putsch de Mohamed Ould Abder Aziz.