Mauritanie: prémices d’un dialogue entre pouvoir et opposition

Le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani.

Le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani. . DR

Le 16/09/2019 à 16h14

Les prémisses d'un dialogue entre le nouveau pouvoir et l'opposition mauritanienne sont perceptibles, ce qui trancherait avec la décennie de l'ancien président Mohamed ould Abdel Aziz, marquée par une confrontation entre les deux parties. Toutefois, un certain nombre de préalables sont nécessaires.

Après plus d'une décennie de défiances et de tensions permanentes sous les deux mandats de Mohamed ould Abdel Aziz, le nouveau régime de Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, élu à l’issue du scrutin du 22 juin 2019, et investi le premier août dernier, affiche un désir d’ouverture grâce à l’amorce d’un dialogue avec l’opposition, indiquent les observateurs de la vie politique mauritanienne. 

Des faits, discours et de nombreux signaux enregistrés au cours des derniers jours, attestent en effet de cette nouvelle volonté et semblent ouvrir l’horizon d’un dialogue national dans le pays. 

Ainsi, le nouveau chef de l’Etat, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a reçu la semaine dernière le leader du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), Ahmed ould Daddah, opposant historique tant au régimes de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya qu'à celui de Mohamed Abdel Aziz, et d'ailleurs plusieurs fois candidat malheureux à un scrutin présidentiel.

Signe de considération et de respect pour le combat de cet homme, Mohamed ould Cheikh El Ghazouani est venu accueillir son hôte à l’entrée du Palais de la République.

Les échanges entre les deux hommes ont tourné autour de la situation politique, économique et sociale de la Mauritanie.

Le nouveau président de la République «a exprimé à l’opposant son désir ardent d’entretenir un contact permanent pour s’informer de sa vision et recueillir ses avis sur les différents problèmes ayant trait à la vie de la nation», rapportent plusieurs sources concordantes.

Par ailleurs, le Premier ministre, Ismail Bedde ould Cheikh Sidya, a clairement exprimé l’option de son gouvernement, qui entend s’engager dans un dialogue avec l’opposition.

Le Premier ministre a émis ces propos lors d’un dîner, organisé la semaine dernière, après l’approbation de Sa Déclaration de Politique Générale. Y étaient conviés les élus de la majorité, formant la coalition actuellement au gouvernement.

Par ces propos d’ouverture et d’apaisement, le chef du gouvernement tend ainsi la main à l’opposition, tout en remerciant les députés, y compris ceux qui n’ont pas voté en faveur de la DPG, car leur rejet a contribué à "enrichir le débat démocratique", a-t-il déclaré. 

Evoquant la perspective d’un dialogue national inclusif, Nana mint Cheikh ould Mohamed Laghdaf, députée du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), a indiqué, de son côté, que l’apaisement de la scène politique passait par certaines mesures préalables, notamment "l’annulation de toutes poursuites judiciaires contre de personnalités nationales: hommes d’affaires, sénateurs, journalistes et syndicalistes".

Parmi ces personnalités, le banquier et homme d'affaires Mohamed ould Bouamatou, mais aussi Mustapha Limam Chaafi, homme politique àç l'impressionnant carnet d’adresses, Azizi ould El Mamy, ancien président du patronat, qui vit éloigné du pays depuis quelques années.

La Députée du RFD estime "urgent de mettre fin à des procédures injustes, d’un autre âge, pour permettre à ces personnalités de rentrer en Mauritanie afin d’apporter leur précieuse contribution à l’édification du pays. On peut pas comprendre qu’après le départ de Mohamed ould Abdel Aziz, ces poursuites qui découlent d’une rancune personnelle, et [qui ne] reposent sur aucune infraction prévue par la loi, ne soient pas levées".

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 16/09/2019 à 16h14