Mauritanie: le recensement administratif à vocation électorale est contesté

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Le 21/04/2017 à 10h16, mis à jour le 21/04/2017 à 10h27

Le gouvernement mauritanien a décidé de se servir de la liste électorale du scrutin présidentiel du 21 juin 2014, pour le référendum constitutionnel de juillet. Une nouvelle source de désaccord avec l'opposition.

La tension récurrente entre le pouvoir et l’opposition en Mauritanie risque de monter de plusieurs crans dans les prochains jours à cause d’une décision gouvernementale relative aux modalités pratiques pour l’organisation d’un référendum constitutionnel prévu en juillet.

En effet «au cours de sa réunion hebdomadaire du jeudi 20 juillet, le conseil des ministres a examiné et adopté deux projets de décrets fixant les modalités pratiques du déroulement du référendum de juillet 2017», informe un communiqué du gouvernement.

Ce vote référendaire pour l’approbation du projet de réformes constitutionnelles hautement contesté «sera organisé sur la base de la liste électorale ayant servant à l’élection présidentielle du 21 juin 2014, révisée pour les besoins du référendum de 2017, dans le cadre d’un Recensement administratif à vocation électorale (RAVE) complémentaire», précise la même source.

L’élection présidentielle du 21 juin 2014 avait été boycottée par toutes les figures de l’opposition historique en Mauritanie, à l’image d’Ahmed Ould Daddah, leader du Rassemblement des forces démocratiques, Mohamed Jemil Ould Mansour du Tawassoul (mouvance islamiste), Messaoud Ould Boulkheir de l'Alliance populaire progressiste (APP), et de bien d'autres.

Signalons toutefois, que le vieux leader de l'APP a décidé d’accompagner le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz dans la perspective de ce projet de réformes constitutionnelles. 

Cependant, l'absence de consensus en 2014 devrait offrir encore plus d’arguments au Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et au Rassemblement des forces démocratiques (RFD) dans leur attitude de rejet de la consultation référendaire annoncée, dont ils fustigent le caractère «unilatéral».

Il faut rappeler aussi que le gouvernement a décidé d’exhumer la Commission électorale nationale indépendante (CENI), tout aussi décriée, qui avait supervisé le scrutin controversé du 21 juin 2014.

Autant dire que le bras de fer entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et son opposition radicale continue et risque de prendre une nouvelle tournure à la veille des élections.

Ce projet de réformes constitutionnelles porte sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, la modification des symboles nationaux (drapeau et hymne), la suppression de la Haute Cour de Justice (HCJ) et du Haut Conseil islamique(HCI).

Il a été approuvé par l’assemblé et rejeté par le Sénat.

L’opposition dénonce le recours à l’article 38 pour l’organisation d’un référendum constitutionnel comme «un coup d’Etat» et soutient que la procédure de réformes constitutionnelles est définie par le chapitre XI de la loi fondamentale à travers ses articles 99,100 et 101.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 21/04/2017 à 10h16, mis à jour le 21/04/2017 à 10h27