Prévu pour le 05 août prochain, le référendum visant l’approbation d’une révision constitutionnelle en Mauritanie a du plomb dans l’aile et semble désormais se transformer en boulet pour le pouvoir.
Nonobstant la contestation de l’opportunité juridique et politique du projet de la part de l’opposition, tout à fait compréhensible en démocratie, le pouvoir semble avoir du mal à réunir les conditions d’organisation de cette échéance à laquelle le président Mohamed Ould Abdel Aziz attache la plus haute importance.
Ainsi, après avoir constaté que les populations ne se bousculaient pas devant les bureaux de ses différentes représentations à Nouakchott et dans les régions, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a repoussé plusieurs fois la date de clôture des inscriptions sur les listes électorales.
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Depuis le début de l’opération complémentaire de Recensement administratif à vocation électorale (Ravel), juste quelques dizaines de milliers de nouveaux inscrits ont été enregistrés sur tout le territoire national.
Ainsi, le dernier chiffre officiel sur le fichier électoral faisait état de 1,3 million d’inscrits alors que l’opposition soutient l’existence d’un potentiel de 2,5 millions d’électeurs.
Face à cette désaffection politiquement très gênante, le Premier ministre, Yahya Ould Hademine, a convoqué les membres du gouvernement. Une rencontre au cours de laquelle «le Premier ministre a tenu un discours clair à l’endroit des ministres, en leur demandant de mobiliser le personnel de leur département pour une inscription massive sur les listes électorales. A son tour, le ministre de l’intérieur a rencontré tous les maires et tenu le même langage», souffle une source bien informée.
Par ailleurs, revêtu du costume de véritable homme du président de la République depuis le limogeage de son prédécesseur, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, qui occupait le poste de ministre-secrétaire général de la présidence, Yahya Ould Hademine devrait entreprendre prochainement une tournée dans la zone de l’Aftout.
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Il va faire le marketing politique du référendum dans une région considérée comme le triangle de la pauvreté en Mauritanie.
Cette démarche d’instrumentalisation d’une administration, par vocation républicaine, est assimilée par un observateur «au retour des vieux démons».
Cependant, pour Moussa Ould Hamed, Directeur de publication du Réseau mauritanien d’information (RMI), ex DG de l’Agence mauritanienne d’information (AMI), «ces vieux démons n’ont jamais quitté le pays».
Au finish, la nouvelle démarche des autorités mettant à contribution l’administration, renvoie à un échec de l’Union pour la république (UPR-principal parti de la majorité) dans sa mission de mobilisation des troupes en perspective du référendum. Du coup, l’échéance pourrait faire l’objet d’un nouveau report en attendant un moment plus propice.
Enfin, rappelons que ce projet de révision constitutionnelle prévoit la suppression du sénat, la création de conseils régionaux et le changement des symboles nationaux (hymne et drapeau).