La campagne pour la consultation référendaire du 5 août prochain en Mauritanie sera officiellement lancée le vendredi à 00 heure.
Initiateur du projet de révision constitutionnelle, le président Mohamed Ould Abdel Aziz va entamer l’opération de conquête des voix pour le «Oui» pied au plancher, par un meeting populaire prévu à Nouakchott le vendredi 21 juillet, dans l’après-midi, avant d'enchaîner avec une tournée dans les régions.
Toutefois, à quelques jours de ce début de campagne, plusieurs responsables et élus de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité présidentielle, censés mobiliser pour un vote positif, se plaignent du manque de moyens, malgré le désir de rester dans l’anonymat.
La faute «à notre leader, trop près de ses sous et qui voudrait gagner sans délier les cordons de la bourse», peste un vieux routier, blanchi sous le harnais des joutes politiques nationales.
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Suivant le même mode de l’anonymat et sur un ton identique, un élu rappelle que «lors des élections législatives et municipales de novembre-décembre 2013, la direction de l’Union pour la république, était sans ressources. Du moins, c'est l’argument fourni pour justifier la non-assistance. Nous avons battu campagne en mobilisant nos propres moyens, car nous étions directement candidats à quelque chose". Toutefois, explique t-il, aujourd’hui, la donne a changé. Le référendum est d'abord celui du président. "Cependant, pour ce qui concerne l’argent, véritable nerf de la guerre pour les campagnes politiques, la vision de notre président et celle du parti n’ont pas évolué. Le robinet restera encore fermé».
Ainsi, on se demande déjà, suivant quelle logistique seront organisés les meetings prévus pour cette campagne à Nouakchott et dans les régions.
Mais au-delà, face à l’attitude d’un président de la République «peu dépensier et même trop près de ses sous», comme le fait remarquer une analyste politique, les interrogations fusent.
La question centrale porte sur l’identité de celui qui va financer la campagne référendaire 2017 : le budget de l’Etat? Les grosses fortunes du pays? Les quelques rares hauts fonctionnaires qui continuent à profiter des privilèges du système?
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Une certitude pour le moment: les ministres ont été désignés pour diriger les opérations de campagne au niveau des régions. Les autres hauts fonctionnaires et les représentants des partis favorables au dialogue sont intégrés dans les différents staffs au niveau régional.
Cependant, «pour huiler tout ça, Harpagon doit accepter de lâcher quelques sous», souffle un cadre, pour faire face à la campagne déjà lancée par l'opposition qui a su mobiliser les Mauritaniens, samedi et dimanche dernier à Nouakchott et à Nouadhibou, les deux principaux centres urbains du pays.
Rappelons que ce référendum est organisé sur la base d’un article 38 controversé de la constitution. Il porte sur la suppression du sénat, la création de conseils régionaux, la modification des symboles nationaux et la suppression de certaines institutions.
L’opposition et de nombreux spécialistes du droit soutiennent que la procédure de révision constitutionnelle en Mauritanie est régie par le chapitre 11 de la constitution de juillet 1991, notamment les articles 99, 100 et 101. Du coup, cette mouvance dénonce une démarche carabinée, avec des intentions non avouées visant la remise en cause du principe de l’alternance et un troisième mandat pour le président de la République.