La police mauritanienne a employé des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de protestation de l’opposition organisée jeudi soir dans la commune d’Arafat (banlieue sud de Nouakchott), blessant au passage de nombreux individus.
Celle-ci se déroulait en même temps qu’un méga meeting du président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont les partisans occupaient le rond-point de l’ancien aéroport de la capitale mauritanienne.
Parmi les personnes blessées figurent notamment Biram Ould Dah Ould Abeid, leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA), prix des Nations Unies pour les droits de l’Homme en décembre 2013, et candidat classé deuxième à l’issue de l’élection présidentielle du 21 juin 2014, boycottée par l’opposition traditionnelle.
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Dans un état jugé «grave» par plusieurs témoins sur place, le leader de l’IRA a été évacué dans un centre hospitalier de la capitale mauritanienne.
Des images largement diffusées sur les réseaux au cours de la nuit du jeudi au vendredi, le montrent en très mauvaise posture, avec certaines parties du corps ensanglantées.
La manifestation de l’opposition du jeudi était organisée dans le cadre d’une campagne pour un référendum prévu samedi.
Celui-ci vise l’approbation d’un projet de révision constitutionnelle prévoyant notamment la suppression du sénat.
Le mouvement IRA est membre de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), un collectif créé début juillet, avec l’objectif de faire échec au référendum du samedi par une campagne de boycott actif.
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Depuis le début de la période de campagne référendaire, plusieurs manifestations de l’opposition favorable prônant le boycott ont été interdites par les autorités et violemment dispersées par la police.
Ainsi, le porte-parole du bureau des droits de l’Homme de l’organisation des Nations unies de Genève, Ravina Shamdasani, a exprimé sa vive préoccupation face «aux troubles qui précédent le référendum en Mauritanie, en particulier la suppression de certaines voix dissidentes et l’utilisation rapportée d’une force excessive par les autorités à l’encontre des dirigeants qui protestent contre le référendum».
Il a demandé à l’Etat le respect des engagements internationaux en matière de droits pendant la période pré-électorale.
L’opposition soutient que le recours à l’article 38 pour une révision constitutionnelle représente une violation de la loi fondamentale. Elle renvoie au chapitre11 de celle-ci, notamment les articles 99, 100 et 101 dédiés aux amendements constitutionnels.