Mauritanie: le président de l'IRA Biram chez Ghazouani, voici les sujets abordés

Biram Dah Abeid, député et leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA/organisation anti esclavagiste).

Biram Dah Abeid, député et leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA/organisation anti esclavagiste).. DR

Le 29/08/2020 à 14h22, mis à jour le 29/08/2020 à 14h32

Le président Mohamed Cheikh El Ghazouani a reçu le vendredi 28 août Biram Dah Abeid, député et président leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA/organisation anti esclavagiste). Voici les principaux sujets abordés durant cet entretien.

Au pouvoir depuis une année, Mohamed Cheikh El Ghazouani a introduit un nouveau type de relations avec tous les opposants, considérés comme «des ennemis» par le régime de son prédécesseur, Mohamed ould Abdel Aziz.

Nouvelle illustration d’un style inédit dans le contexte d’un pays qui a vécu près de 32 ans de «démocratie» crispée entre les régimes militaires de Maouya ould Sid’Ahmed Taya et Mohamed ould Abdel Aziz, à l’origine d’un climat apaisé, les concertations avec lesopposants sont de plus en plus fréquentes, malgré des divergences profondes sur les problèmes de fond.

Le locataire du palais de la République a reçu en audience, ce vendredi après midi, le député Biram Dah Abeid, leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA/ organisation anti esclavagiste).

Au menu de la rencontre des échanges sur «la reconnaissance de partis et organisations encore privés de statut légal, la suite réservée au travail d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la corruption, la détermination de la justice et de l’exécutif en vue de mettre fin à l’impunité pour les auteurs présumés de pratiques de mauvaise gouvernance», explique un document envoyé à la presse.

Les organisations privées de statut légal sont le RAG-mouvement Radical pour un changement global (RAG) et les Forces progressistes pour le changement (FPC), issues respectivement la mouvance abolitionniste et négro-africaine.

Sur le dernier point, relatif à la gouvernance, le chef de l’Etat mauritanien a donné au leader du mouvement abolitionniste «des assurances par rapport à l’absence de tout esprit de règlement de comptes politiques dans le traitement par la justice, des dossiers relatifs à des faits de prévarication présumés», donnant la garantie du respect du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs.

Biram Dah Abeid affirme apporter «un soutien vigilent à cette orientation inédite dans l’histoire du pays, victime de la banalisation de la corruption depuis le coup d’Etat militaire du 10 juillet 1978. Un phénomène contre lequel il faut désormais observer un degré de tolérance zéro, tout comme de nombreux autres maux, tels que l’usage de diplômes falsifiés dans la haute fonction publique, le tribalisme, dans le cadre de la promotion de l’Etat de droit. Face à toutes ces questions, le président de la République affiche sa résolution à favoriser un nouveau pacte social», déclare le député.

Dans la perspective de ce changement, le leader anti esclavagiste rappelle les revendications de son mouvement face auxquelles «de nombreux partis politiques restent sourds, sans doute à cause de lacunes ou de réserves idéologiques».

Il s’agit globalement de «la réforme de l’éducation en vue de généraliser l’enseignement des langues étrangères et nationales à la place du monolinguisme actuel, l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993 protégeant les présumés auteurs de plusieurs centaines d’exécutions de militaires noirs, le retour de la Mauritanie au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’adhésion à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) pour permettre à celle-ci de recevoir les plaintes des associations et des particuliers, la ratification du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale…».

Cette audience intervient alors que l’ancien président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, fait l’objet d’une enquête préliminaire pour «corruption» présumée, suite à la transmission à la justice, le 5 août dernier, du rapport d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP) dénonçant des faits de prévarication dans l’attribution de 109 marchés publics pendant la décennie 2008-2019.

Ainsi, les réserves initiales du député vis-à-vis de la CEP, estimant qu’il fallait aller bien au-delà de la période d’une décennie couverte par le mandat donné aux députés chargés de mener les investigations et inclure de nombreuses autres formes d’injustices, sont désormais levées après cette audience.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 29/08/2020 à 14h22, mis à jour le 29/08/2020 à 14h32