Malgré un contexte politique interne tendu, marqué par les dégâts collatéraux du référendum ayant abouti à la suppression du sénat, avec l’affaire «Mohamed Ould Ghadda-Mohamed Bouamatou» - relative à une enquête pour soupçons de corruption, on note une intense activité diplomatique sous régional du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ainsi, au cours des 5 jours écoulés, il s’est rendu à Paris pour prendre part à une table ronde des partenaires et bailleurs de fonds pour financer le Plan national de développement du Tchad, un des 5 membres du G5 Sahel.
Le chef de l’Etat mauritanien est aussi allé à Astana, capitale de la République du Kazakhstan, en vue de participer au premier forum de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) sur «les sciences et la technologie» les 10 et 11 septembre.
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Par la suite, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est retrouvé lundi à Niamey, capitale du Niger, avant de prendre les airs pour Bamako, au Mali, quelques heures plus tard. Ce mardi, il se trouve encore sur les bords du fleuve Djoliba (nom malinké du Niger), à Bamako.
Le Niger, le Mali et la Mauritanie sont des pays membres du G5 Sahel aux côtés du Burkina Faso et du Tchad.
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz est allé à Niamey et Bamako «pour des entretiens avec ses frères et amis, Mahamadou Issoufou et Ibrahim Boubacar Keita» selon la très officielle Agence mauritanienne d’information (AMI).
Du côté des observateurs, on note que le timing des voyages dans ces 2 capitales est proche de la date d’inauguration du poste de commandement central de la force conjointe du G5 Sahel, par le président Ibrahima Boubacar Keita (IBK), dans la ville de Sevaré (région de Mopti, au centre nord du Mali), le 09 septembre dernier.
Ce qui laisse supposer que la communauté de destin des pays du Sahel, notamment les questions militaires et de sécurité relatives à l’opérationnalisation imminente de la force du G5 Sahel ont été abordées au cours de ces 2 étapes.
Cela, même si les langues les plus pendues au Sahel mettent souvent en exergue la différence d’approche entre Nouakchott et les autres pays membres de l’organisation au sujet du processus de la mise en place de la nouvelle force.
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Ce qui, dit-on, aurait poussé des Etats comme le Mali et le Burkina Faso, de plus en plus vulnérables aux attaques terroristes, à recourir à la mise en chantier d’une autre force conjointe dans le bassin du Liptako Gourma.
Mais au-delà des considérations de diplomatie sécuritaire sous régionale, l’intense activité du chef de l’Etat mauritanien aurait aussi la valeur d’un message. Il s’agit «d’une démarche visant à brouiller les cartes, dans l’objectif de montrer qu’il n’est pas ébranlé par la situation politique interne, notamment le dossier dans lequel des anciens sénateurs, un banquier, des syndicalistes et journalistes sont poursuivis pour présomption de corruption», estime Moussa Ould Hamed, ex directeur général de l’agence gouvernementale d’informations (AMI).
Une activité de diplomatie sécuritaire sous-régionale qui servirait de contre-feu médiatique face au dossier Ghadda-Bouamatou, mais surtout un référendum qui n'a pas attiré grand-monde, malgré la victoire du "Oui".
Le chef de l'Etat mauritanien pourrait aussi donner l'apparence d'un homme de paix et de dialogue, qui s’est souvent investi dans des médiations pour éteindre des conflits à l’image du nord Mali et de la Gambie.
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