Traqués par la justice après la suppression de leur chambre à la faveur du référendum du 5 août 2017, les anciens sénateurs mauritaniens entendent poursuivre «la guerre» contre le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz à travers de multiples actes de défiance.
Rejetant les résultats de la consultation populaire organisée sur la base de l’article 32 de la constitution, ils ont tenté lundi d’accéder aux locaux qui abritaient l’ancienne haute chambre du parlement pour tenir une session. Les éléments de la Garde nationale chargés de la sécurité des lieux se sont opposés à la démarche.
Après l’incident du lundi, ils se sont retrouvés mardi dans un autre endroit qui va désormais servir de siège «à la chambre» pour discuter de toutes les questions relevant de la compétence du sénat.
«Le plus important, c’est que nous ne reconnaissons pas les résultats du référendum anticonstitutionnel du 5 août 2017 et entendons continuer toutes nos activités parlementaires», déclare un membre du groupe.
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Parmi ces activités, les anciens sénateurs, qui s’estiment toujours en activité du point de vue constitutionnel, envisagent d’examiner la procédure de saisine de la Haute cour de justice (HCJ), compétente pour juger le président de la République dans les cas de haute trahison.
Ils veulent également poursuivre l’ enquêter sur les marchés de gré à gré dont auraient bénéficié des individus présumés proches du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Suite au référendum du 5 août dernier, l’ancien sénateur Mohamed Ould Ghadda, principal animateur de la fronde des sages contre cette consultation populaire, a été arrêté et placé en détention provisoire pour présomption de corruption.
Dans le cadre de l’information ouverte au sujet de la même affaire, un mandat d’arrêt international a été lancé contre le banquier Mohamed Bouamatou, un soutien de la première heure du président Mohamed Ould Abdel Aziz, réfugiés au Maroc depuis plusieurs années.
Par ailleurs, le pôle des magistrats chargés de l’instruction de cette affaire a placé une dizaine d’autres anciens sénateurs sous contrôle judiciaire. Des syndicalistes et des journalistes sont également poursuivis dans ce dossier qui agite la scène politique en Mauritanie.