Human Rights Watch (HRW), ONG américaine de défense des droits humains, critique dans son rapport l’arrestation et le placement en détention provisoire, depuis près de 2 mois, de l’ancien sénateur, Mohamed Ould Ghadda, principal animateur de la fronde des élus de la défunte chambre haute du parlement mauritanien (supprimée à la faveur du référendum du 5 août 2017) contre un projet de révision constitutionnelle.
L’ex-sénateur est poursuivi pour présomption de corruption dans le cadre de l’instruction d’un dossier impliquant le banquier Mohamed Ould Bouamatou, exilé au Maroc depuis plusieurs années et sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
13 autres anciens sénateurs, des dirigeants syndicaux et des acteurs de médias, ont été également placés sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’information ouverte sur ce dossier.
Le document de HRW relève «que les autorités mauritaniennes ont placé en détention depuis 2 mois un leader de l’opposition sur la base de vagues accusations» et leur demande «de remettre en liberté Mohamed Ould Ghadda, ou de le juger rapidement sur la base d’un procès équitable si elles disposent d’éléments de preuves suffisants contre lui».
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La déclaration de l’ONG rappelle que l’ex-sénateur détenu à titre préventif «était ouvertement opposé au scrutin référendaire du 5 août 2017, que l’opposition considère comme une manœuvre du président Mohamed Ould Abdel Aziz pour renforcer ses prérogatives et ouvrir la voie à des révisions constitutionnelles susceptibles de lui permettre de se maintenir au pouvoir à l’issue de son mandat en cours, le deuxième consécutif».
Sur la base du principe de l’alternance, la constitution mauritanienne verrouille à deux le nombre de mandats du président de la République, sans aucune possibilité de révision.
La Directrice de la division Moyen-Orient/Afrique de HRW, Sara Leah Whitson, estime que «plus la détention de Mohamed Ould Ghadda se poursuit sans que les charges retenues contre lui soient clarifiées, plus il semble que cette affaire consiste davantage à museler l’opposition au président qu’à rendre justice».
Suite à un réquisitoire du parquet, un pool de 3 juges d’instruction du tribunal de Nouakchott Ouest a ouvert une information pour présomption de corruption à propos d’une affaire «Bouamatou-Ghadda», le 1er septembre dernier.
Ces personnalités sont poursuivies sur la base de l’article 3 de la loi relative à la lutte contre la corruption adoptée en juillet 2016 et encourent, une fois reconnues coupables, une peine allant de 10 à 20 ans de prison.