Un juge d’instruction du tribunal de Nouakchott a placé en détention provisoire lundi dernier, Biram ould Dah ould Abeid, leader de l’Initiative de résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), une ONG antiesclavagiste.
Cette mesure intervient à quelques jours du lancement de la campagne pour les élections législatives, régionales et municipales du 1er septembre, fixée au vendredi prochain.
Biram ould Dah ould Abeid est la tête de liste nationale d’une coalition «Sawab/parti Radical pour un changement global (RAG)». Ainsi, elle suscite une vive colère dans les rangs de l’IRA, de la coalition Sawab/RAG, et au-delà au sein de larges franges de l’opposition.
Le leader de l’IRA refuse de présenter ses excuses et dénonce «une manœuvre du pouvoir visant à faire échec à sa candidature».
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Dans une déclaration rendue publique mercredi, l’ONG abolitionniste dénonce «un grand complot dont seuls les observateurs les plus dupes ne perçoivent pas les objectifs. Il s’agit surtout de soustraire Biram ould Dah ould Abeid de la campagne électorale qui se profile à l’horizon. Une soustraction qui n’empêchera pas celle-ci de se dérouler suivant les plans et les directives mis en place par le directoire de campagne. Ainsi, la mobilisation des militants sera maintenue en vue de répondre au grand défi de l’heure: gagner les prochaines échéances électorales».
La déclaration rejette «des chefs d’accusation banals» et lance un appel à la communauté internationale, aux organismes, organisations gouvernementales et non gouvernementales, pour «dénoncer un régime dictatorial qui refuse tout jeu démocratique».
Profitant de la tournure des événements, la coalition «Sawab/RAG» annonce également sa détermination à investir Biram ould Dah ould Abeid en qualité de candidat à l’élection présidentielle de 2019. Une annonce qui ressemble fort à un coup politique et médiatique.
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Echos identique chez Lô Gourmo, candidat aux législatives sur la liste nationale de l’Union des forces de progrès (UFP), opposition critiquant également le placement en détention préventive du leader antiesclavagiste.
Celui-ci estime que «pour qui suit objectivement la situation politique du pays, l’arrestation de Biram Dah Abeid par les motifs invoqués, autant que ses conditions de réalisation, apparaît comme une insulte au bon sens, tant son caractère provocateur et disproportionné crève les yeux, à la veille d’élections cruciales à l’occasion desquelles il est l’un des candidats phares de l’opposition démocratique».
Poursuivant son analyse, l’opposant ajoute que le régime «cherche par tous les moyens à créer une atmosphère tendue, pour pourrir les élections de 2018, en prélude à la présidentielle de tous les dangers qui se déroulera en 2019. On a cherché un parfait bouc émissaire, et Biram en est un».
Estimant que dans le pays «personne ne gagnera au désordre social et à la pagaille électorale», il ajoute que Biram «doit être jugé en prévenu libre s’il y a lieu» et autorisé à mener sa campagne électorale.