Maître Sidi Mohamed ould Maham, ministre de la Culture, de l’artisanat et porte parole du gouvernement de Mauritanie, a décidé de tourner en dérision une décision de l’administration américaine, portant sur l’exclusion de la Mauritanie, à partir de janvier 2019, de la liste des bénéficiaires de l’African growth and opportunity Act (AGOA), loi sur la croissance et les opportunités en Afrique, révélée ce week-end.
Cette mesure est justifiée par Washington par «une absence de progrès dans la lutte contre le travail forcé et l’esclavage héréditaire».
Réagissant à cette annonce par un tweet, le responsable gouvernemental mauritanien a qualifié cette décision de «mesure ridicule». Il se demande si la démarche américaine aurait été identique dans le cas ou «le président Donald Trump s’attendrait à contracter avec la Mauritanie, un marché pour l’achat d’armement à hauteur de 110 milliards de dollars».
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Le ministre fait ainsi certainement allusion aux relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, et au maintien des contrats d’armement, malgré la crise diplomatique née de l’affaire du journaliste Jamal Khashoggi, assassiné par un commando saoudien dans le consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul.
Par ailleurs, Ould Maham rappelle «les efforts considérables déployés par la Mauritanie, grâce à ses propres moyens matériels et financiers, pour lutter contre l’esclavage, et sans le moindre soutien américain».
Au-delà, le ministre s’interroge sur les véritables motivations de Washington dans cette affaire, et rappelle le passé des USA par rapport à cette question sociale.
En Mauritanie, la question de l’esclavage reste toujours au centre d’une vive polémique et d’une querelle sémantique entre les autorités, qui admettent «la persistance de séquelles» et les ONG abolitionnistes, dénonçant une pratique inchangée depuis la nuit des temps et «couverte par une complicité à plusieurs niveaux».
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Une incompréhension amplifiée par les arrestations répétitives pour divers motifs, de Biram Dah ould Abeid, leader de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), nouvellement élu député, et actuellement détenu à titre provisoire «pour menaces et violences» à la suite d’une plainte déposée par un journaliste.
Ce député représente l’une des figures des plus actives de l’activisme abolitionniste en Mauritanie depuis une dizaine d’années.
Sans épouser formellement son combat, de nombreux observateurs, spécialistes du droit pénal, déplorent son placement en détention préventive à la suite de la plainte d’un particulier, alors qu’une citation indirecte devant une juridiction correctionnelle, aurait pu suffire, en attendant une décision de fond.