Mauritanie: à quoi rime l'élection du pays au CDH de l’ONU?

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Le 20/10/2019 à 13h29, mis à jour le 20/10/2019 à 13h31

La Mauritanie a été élue membre du Conseil des Droits de l’Homme (CDH) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour la période 2020-2022, à la faveur de la 127e session de l’institution (17e séance de l'Assemblée générale), dont les assises se déroulent actuellement à Genève.

La Mauritanie a été élue membre du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU. Le pays a été plébiscité en recueillant 172 votes sur un total de 187 voix.

Le gouvernement a accueilli avec une grande satisfaction l’élection du pays au sein de l’instance onusienne, à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens de l’extérieur, publié ce week-end.

Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU y est présenté comme «un organe inter-gouvernemental du système des Nations Unies chargé de renforcer la protection et la promotion des droits humains dans le monde. Il a également pour mission de faire face à des situations de violation des droits humains et formuler des recommandations sur le sujet».

Ces différentes prérogatives donnent au CDH de l’ONU la possibilité d’examiner toutes les questions et situation en lien avec les droits de l’homme.

Dans ce communiqué, le gouvernement salue en outre l’élection de la Mauritanie comme «une victoire éclatante qui permettra une participation active du pays aux travaux de l’institution, de s’exprimer et de véhiculer son noble message dans le cadre de la promotion des droits humains».

Par ailleurs, la déclaration gouvernementale suggère que cette étape d’inscrit dans une nouvelle dynamique à travers laquelle la Mauritanie entend avoir une présence plus importante au sein des instances sous-régionales, régionales et mondiales.

Au-delà de la position officielle exprimée à travers une large satisfaction du gouvernement, la question des droits humains reste hautement sensibles et même très polémique dans le contexte mauritanien.

Ce pays est en effet l'héritier de plusieurs centaines d’années de la pratique séculaire de l’esclavage.

Ce phénomène a fait l’objet d’une législation abondante visant à le criminaliser au cours des dernières années, mais il reste au centre d'une vive polémique entre les autorités, qui concèdent «la survivance de séquelles» et les ONG abolitionnistes, dénonçant une pratique «couverte par de nombreuses complicités» et des lois destinées à la consommation extérieure.

La Mauritanie traîne également un lourd passif humanitaire, celui des années 1989-1992, alors que de nombreuses organisations dénoncent «l’exclusion» des populations originaires de la vallée du fleuve Sénégal.

L’élection du pays au CDH de l’ONU l’aidera-t-il à gérer toutes ces contradictions?

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 20/10/2019 à 13h29, mis à jour le 20/10/2019 à 13h31