Mauritanie: interpellations de veuves, orphelins et militants des droits humains

21 des 28 soldats pendus le 28 novembre 1990 à Inal.

21 des 28 soldats pendus le 28 novembre 1990 à Inal.. DR

Le 29/11/2020 à 15h54, mis à jour le 29/11/2020 à 15h59

Une quarantaine de personnes ont été arrêtées samedi 28 novembre au cours de manifestations de veuves et d'orphelins des victimes des années de braise du régime de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya.

Le parcours politique et la cohésion de la Mauritanie sont toujours hantés par les années troubles durant le régime d’exception de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya (1984-2005).

Nouvelle illustration avec les interpellations samedi, de 36 individus, veuves, orphelins de militaires negro africains, victimes d’exécutions extra-judiciaires en 1990-1991, ainsi que des militants de plusieurs mouvements. Ces personnes ont été placées dans différents commissariats de police de Nouakchott: Ksar, El Mina,...

Profitant des activités de célébration du 60é anniversaire de l’indépendance, les individus interpelés ont organisé une manifestation pour réclamer «vérité et justice» au sujet des victimes militaires du passif humanitaire.

Ils entendaient ainsi remettre au chef de l’Etat, Mohamed Cheikh El Ghazouani, un document réclamant l’abrogation d’une loi d’amnistie adoptée en 1993

Celle-ci couvre les présumés auteurs de plusieurs centaines d’exécutions extra- judiciaires de militaires issus de la communauté noire, entre septembre 1990 et février 1991, parmi lesquels notamment les 28 pendus au cours de la nuit du 27 au 28 novembre 1990 «pour célébrer le 30é anniversaire de l’indépendance».

Accusés de tentative de coup d'Etat, 28 militaires négro-africains avaient été exécutés par pendaison le 28 novembre 1990, jour du trentième anniversaire de l'indépendance du pays. Les personnes interpellées samedi défilaient pour leur rendre hommage.

"Notre marche était pacifique, conforme à la loi et à la Constitution, qui garantissent la liberté d'expression", s'est insurgé Dia Alassane, co-organisateur de la marche. "Nous voulons exprimer notre deuil, réclamer nos droits à la justice et aux réparations".

Les différents mouvements impliqués dans l’organisation de la manifestation dénoncent «des violences policières».

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 29/11/2020 à 15h54, mis à jour le 29/11/2020 à 15h59