Le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation a notifié à plusieurs dirigeants de partis politiques la dissolution de leur parti. Au total, ce sont 76 partis politiques qui ont été dissous de plein droit.
La décision de l’administration rentre dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 2012-024, relative aux associations politiques.
En son article 20, alinéa 01,05 et 06, le texte cité en référence dispose «qu’un parti qui n’a pas pris à deux consultations électorales locales successives, ou n’ayant pas totalisé plus de 1% des suffrages exprimés dans les mêmes circonstances sera, par la force de la loi, dissous».
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La loi de 2012 a fait l’objet d’un décret d’application pris au cours de l’année 2018.
La mesure de dissolution est matérialisée par un arrêté du ministre de l’Intérieur, et a été portée à la connaissance des responsables des formations concernées par les soins de l’administration.
Ce sont les élections municipales de novembre-décembre 2013 et celles de septembre 2018 qui ont servi de base à l’arrêté annonçant la dissolution des 76 partis.
Ainsi, tous les partis politiques créés après 2013 échappent pour le moment au sabre du législateur, quels que soient les scores réalisés à l’issue des élections municipales des 1 et 15 septembre 2018.
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Signalons qu’à l’issue de cette dernière bataille, sur une kyrielle de 98 partis politiques en lice, seulement une vingtaine de formations ont réussi à tirer leur épingle du jeu en parvenant à placer des représentants dans les assemblées municipales, dépassant la barre fatidique des 1% des suffrages exprimés.
Pied de nez de l’histoire, parmi les formations rayées de la carte politique, une victime symbolique. Il s’agit du premier parti politique légalement reconnue après l’adoption de la constitution du 20 juillet 1991, ouvrant la voie au pluralisme, le Rassemblement pour l’Unité et de la Démocratie (RDU). Cette formation a été fondée par Ahmed ould Sidi Baba, ancien ministre sous le premier président de la Mauritanie, feu maître Mokhtar ould Daddah.
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L’arrêté du ministre de l’Intérieur vise à rationaliser l’espace politique en rendant moins coûteuse l’organisation des consultations électorales.
Toutefois, la mesure ne fait pas que des heureux. Elle est même qualifiée «d’arbitraire» par maître Mahfoudh ould Bettah, leader de la Convergence démocratique nationale (CDN), ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA), et ancien ministre de la justice sous la transition ratée entre civils et militaires (2005-2007).