C’est dans ce contexte qu’il faut replacer ce communiqué de Mohamed ould Bouamatou, banquier et opposant en exil depuis une dizaine d’années, rendu public hier soir, mercredi 29 mai.
Dans ce document, ould Bouamatou annonce son soutien à la candidature de Sidi Mohamed ould Boubacar.
Mohamed ould Bouamatou avait été un soutien de premier plan au putsch du 6 août 2008 ayant porté le général Mohamed ould Abdel Aziz au pouvoir.
Il a également grandement contribué à la résolution de la crise institutionnelle née de cette époque, grâce à son carnet d’adresses au niveau international, et joué un rôle de premier plan dans la victoire du 18 juillet 2009, qui avait été le point de départ du premier mandat du président toujours en exercice, et dont une troisième candidature se heurte à un verrouillage constitutionnel.
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Sidi Mohamed ould Boubacar a déjà été, par deux fois, Premier ministre en Mauritanie, de 1992 à 1995 et entre 2005 et 2007.
Ould Bouamatou, richissime banquier mauritanien, justifie son choix de Sidi Mohamed ould Boubacar par sa dimension d'«homme de consensus et de dialogue», une personnalité riche «d’une grande expérience de la gestion des affaires publiques, en mesure de rassembler nos compatriotes qui aspirent à un changement démocratique réel».
En tant que chef du gouvernement, Sidi Mohamed ould Boubacar a, de fait, contribué à l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires, grâce «à une hausse des salaires» et soulagé les finances publiques en obtenant «une réduction de la dette» extérieure et supervisé les élections libres et démocratiques de l’histoire du pays (les élections législatives et municipales de novembre 2006, et la présidentielle de mars 2007).
Bouamatou se dit par ailleurs convaincu que «le changement, c’est maintenant ou jamais».
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Ce banquier en exil décrit également le contexte d’un pays sinistré, à quelques semaines du scrutin présidentiel du 22 juin 2019, un pays «en proie à une crise profonde, caractérisée par l’étouffement des libertés, le pillage de l’économie, l’ébranlement de la cohésion sociale, les multiples tentatives du régime de lever le verrou de la limitation constitutionnelle des mandats», en vue de permettre le maintien au pouvoir du président Mohamed ould Abdel Aziz, «y compris en fomentant des crises et des troubles intérieurs».
Ces manœuvres sont, selon lui, mises en échec par la résistance des Mauritaniens, l’absence de soutiens décisifs au sein de la classe politique, de l’armée et la vigilance de la communauté internationale.
Le communiqué évoque également pour le dénoncer «l’ultime sursaut despotique d’un pouvoir, qui tente, coûte que coûte, de confisquer les droits du peuple à élire librement le prochain président de la République».
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Le banquier fait aussi allusion au soutien de Mohamed ould Abdel Aziz à la candidature de Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed, dit "Ghazouani", ex-chef d’état-major, ancien ministre de la Défense et compagnon de l’actuel chef de l’Etat depuis une quarantaine d’années, avec lequel il avait réussi deux putschs en 2005 et 2008.
Actuellement sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par la justice mauritanienne le 1er septembre 2017, dont les notices rouges ont été annulées par Interpol, qui fait référence à des poursuites pour «motifs politiques», Mohamed ould Bouamatou était annoncé comme un potentiel candidat à l’élection présidentielle du 22 juin 2019.
Cette déclaration qu'il a émise hier, mercredi 29 mai en soirée, entend avant tout dénoncer les manœuvres du pouvoir à l’origine de l’échec de ce projet de candidature.