Mauritanie: analyse du premier gouvernement du magistère Ghazouani


Le président Mohamed ould Ghazouani et son Premier ministre Ismail ould Cheikh Sidya.

Le président Mohamed ould Ghazouani et son Premier ministre Ismail ould Cheikh Sidya.. DR

Le 10/08/2019 à 08h48

Le président Mohamed Cheikh ould Ghazouani a rendu public la composition du premier gouvernement de son magistère au cours de la nuit du jeudi au vendredi. Un accouchement difficile à cause des inévitables dosages tribaux, ethniques, régionaux et politiques.

Une semaine après son investiture, le président Mohamed Cheikh ould Ghazouani a rendu la copie de son premier gouvernement. Un accouchement difficile imputable aux inévitables dosages ethniques, régionaux, tribaux et accessoirement politiques, qui aboutit à un attelage classique, sans surprise et dont la rupture attendue par une bonne partie de l’opinion, ne semble pas être la principale caractéristique.

En effet, au niveau politique, tous les ministres de la nouvelle équipe sont issus des rangs de la majorité ayant soutenu la candidature du président Ghazouani, même si certains visages laissent entrevoir l’infime espoir d’un souffle nouveau.

Ensuite, il s'agit plus d'un gouvernement de technocrates que de politiques. 

Autre constat basique, cinq ministres de l’équipe sortante ont été reconduits dans le nouveau gouvernement. Il s’agit d’Ismaël Cheikh Ahmed (Affaires étrangères, coopération et Mauritaniens de l’étranger), Mohamed ould Abdel Fettah (Pétrole, énergie et mines), Nany ould Chrougha (Pêche et économie maritime), Sidi ould Salem (Enseignement supérieur, recherche scientifique, nouvelles technologies de l’information) et Naha mint Mouknass (Hydraulique et assainissement).

En clair, c'est un gouvernement de changement dans la continuité.

Maigre consolation pour les partisans d’un véritable changement, quelques cadres aux compétences reconnues de tous et pas très marqués au plan politique arrivent dans des stations stratégiques. C’est notamment le cas de Haimouda ould Ramdhane, premier sur la liste, brillant professeur d’université, qui aura le redoutable honneur de manager le très sensible département de la Justice, au sein duquel il était chargé de mission depuis plusieurs années, contribuant activement à l’élaboration de nombreux textes.

Il y a également le cas d’Ahmed Salem ould Merzough, ancien Haut-Commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal(OMVS), qui hérite du ministère de l’Intérieur.

Ces 2 personnalités qui occupent des postes stratégiques sont issues de la communauté des Haratines.

L’arrivée de Mme Mariam Bekaye, une ancienne cadre internationale du PNUD, au ministère de l’Environnement et du développement durable, est aussi citée parmi les rares signaux positifs au sein de la nouvelle équipe.

Les ressortissants de la vallée (peuls, soninkés et wolofs) sont restés avec leur quota habituel de 3 postes ministériels et celui de Secrétaire général du gouvernement.

Au niveau du dosage régional, certains milieux déplorent une représentation excessive des régions de l’Est, d’où est originaire le nouveau chef de l’Etat.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 10/08/2019 à 08h48