Le non-lieu prononcé par la Justice mauritanienne, dans le dossier d'accusation de corruption impliquant l'homme d'affaires Mohamed Bouamatou ainsi que des sénateurs, des journalistes et des syndicalistes vient confirmer le retour en grâce définitif de ce milliardaire, longtemps contraint à l'exil, et qui a peu à peu fait son retour au pays, à la faveur de l'élection de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, en août 2019.
Après trois années d’instruction, le juge est parvenu à la conclusion qu’il n'y avait pas de preuves matérialisant les accusations de corruption et a rendu une ordonnance de non-lieu hier, lundi 11 mai 2020, au bénéfice de toutes les personnes poursuivies dans cette affaire.
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Cette affaire est le prolongement judiciaire d’une bataille politique à travers laquelle l’ancien président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, avait organisé un véritable coup de force, le 5 août 2017, par un référendum constitutionnel qui comportait la suppression du sénat et le changement des symboles nationaux (soit l'hymne et le drapeau mauritanien).
Dans ce combat mené par l'ex-président, il y avait avant tout son ambition de briguer un troisième mandat, pourtant interdit par la constitution, et qui sera finalement arrêté net dans son élan, mais de façon voilée, par l’institution militaire.
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Commentant l’ordonnance du magistrat chargé de l’enquête, Me Yezid Bamba ould Yezid, qui a défendu Mohamed Bouamatou et ses co-accusés «se réjouit d’une décision qui conforte le principe de la présomption d’innocence, en l’absence de preuves. Celle-ci démontre clairement que ces poursuites avaient un caractère purement politique, et étaient dénuées de tout contenu judiciaire».
Mohamed Bouamatou, fondateur de la Générale de Banque de Mauritanie (GBM), cousin tribal et ex-allié de l'ancien président Mohamed ould Abdel Aziz, est revenu en Mauritanie il y a quelques mois, après une dizaine d’années d’exil au Maroc et ensuite en Europe.