La belle unanimité de la classe politique s’engageant dans un esprit de mobilisation républicaine, aux côtés du gouvernement, pour aider à combattre la pandémie, fait désormais place à des réserves et même parfois à de vives critiques.
Dans une déclaration, la Coalition vivre ensemble (CVE), issue de la mouvance nationaliste négro-africaine, qui a soutenu la candidature de Kane Hamidou Baba, à l’occasion de l’élection présidentielle du 22 juin 2019, publiée hier, mardi, critique vivement la gestion sanitaire, économique, sociale et sécuritaire de la pandémie, jugée catastrophique.
Le document rappelle ironiquement un discours «prématuré» des autorités, annonçant fièrement zéro cas de personnes testées positives au Covid-19 dans le pays il y a environ 2 mois.
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Loin de ce triomphalisme, les amis de Kane Hamidou Baba se désolent «d’une situation sanitaire qui montre clairement que la pandémie prend de l’ampleur tant par son implantation sur toute l’étendue du territoire national, que par le nombre de cas testés positifs, de cas contacts et de décès. Le bilan macabre, décliné à l’occasion du point de presse quotidien du ministère de la Santé, montre une situation de plus en plus catastrophique et hors de contrôle, jetant l’émoi et la panique dans les foyers, les entreprises et le secteur de l’économie informelle».
Parallèlement à l’installation de la peur, la CVE souligne un échec dans l’application des mesures barrières dans les marchés, dans les transports en commun et dans d'autres endroits de rassemblements publics.
Dans le chapelet des manquements reprochés aux autorités mauritaniennes, la déclaration pointe également du doigt «une gestion chaotique et hasardeuse des pouvoirs publics, doublée d’une opacité totale dans la distribution des vivres aux populations qui le méritent, laquelle vient confirmer, s’il en était besoin, une absence de stratégie claire, efficace et connue pour lutter contre la pandémie».
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L’opération de soutien aux populations démunies à travers la distribution de vivres -déjà décriée pour la complaisance et l'opacité qui a été remarquée par les membres de la CVE- a vite été abandonnée, alors que des milliers de ménages, notamment à l’intérieur du pays, sont frappés de plein fouet par la précarité.
L’objectif de 30.000 foyers bénéficiaires, annoncé en grande pompe, n’a manifestement pas été atteint, au vu de la clameur publique qui a entouré l’opération, selon cette déclaration.
Le document déplore également l’échec «du projet mort-né de l’enseignement à distance, via la radio et la télévision».
Par ailleurs, après un tragique événement enregistré dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 mai, dans les environs de la préfecture de MBagne (environ 400 kilomètres au sud-est de Nouakchott), suite aux tirs d’un militaire qui a tué un homme sur le coup, un charretier du nom d’Abass Diallo, complice d’un commerçant se livrant à un trafic de marchandises sur le fleuve Sénégal, frontière naturelle entre les deux pays, la Coalition vivre ensemble réitère sa condamnation de ces faits et annonce apporter son «soutien moral et matériel» à la famille du défunt.
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Analysant cet événement sur un plan plus général, les amis de Kane Hamidou Baba constatent avec désolation que «la sécurité que devait procurer le déploiement de l’armée aux frontières devient une source d’inquiétude pour les populations».
A la date du mardi 2 juin, la Mauritanie comptait 668 cas positifs au coronavirus (Covid-19), 31 décès et 55 guérisons.