Peu de temps après sa descente d'avion, Peter Pham a été reçu en audience au cours de l'après-midi par le président mauritanien, Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, indique l’Agence mauritanienne d’information (AMI), qui précise que «les échanges ont porté sur les relations bilatérales et la situation dans la sous-région du Sahel».
Au centre de ces discussions, «l’évolution de l’Etat de droit, les questions sociales, les efforts visant à améliorer les liens commerciaux entre les deux pays, et le partenariat dans le domaine de la sécurité….».
Parmi ces multiples sujets, l'un, particulièrement délicat, a lui aussi été abordé: celui relatif aux droits humains, concernant la persistance de la pratique de l'esclavage, dont Mohamed ould Abdel Aziz, prédécesseur de Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, avait admis la subsistance «de séquelles», alors que les associations abolitionnistes dénoncent quant à elles «une pratique persistante et couverte par des complicités» à l'intérieur même de la société mauritanienne.
Lire aussi : Afrique de l'Ouest. Troupes américaines: tournée cruciale de David Hale au Sahel
Cette problématique qui concerne le respect des droits humains en Mauritanie renvoie aussi à un passé proche. Vers la fin des années 80 et jusqu'en 1991, des exécutions extra-judiciaires de militaires avaient eu lieu, et avaient ensuite été couvertes par une loi d’amnistie, adoptée quant à elle en mai 1993, sous les mandats effectués par le président de l'époque, Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya.
Elu le 1er août 2019, l'actuel président mauritanien n’a pas encore publiquement évoqué ce lourd passé du pays.
Toutefois, les concertations régulières qu'a eues Mohamed ould Cheikh El Ghazouani et ses opposants déclarés, comme le député Biram Dah Abeid, leader abolitionniste, ainsi qu’un appel récent de la Coordination des partis politiques présents à l’Assemblée nationale, pour un pacte républicain sur tous les grands enjeux nationaux, semblent indiquer que le silence qui a prévalu jusqu'ici sur ces questions encore douloureuses, semblent s'engager sur le difficile chemin d’un consensus national, indispensable à l'instauration d'un véritable Etat de droit.
Lire aussi : Sahel. Terrorisme: l'armée américaine perd un troisième drone dans le nord du Niger
L’audience accordée hier, lundi 7 septembre, à l'émissaire de Washington, lui a également permis, a-t-il déclaré à l'agence de presse officielle du pays, «d’apprécier le point vue du président mauritanien sur l’évolution de la situation au Sahel, et en particulier au Mali. Notre objectif au Sahel est de favoriser une approche qui permette aux gouvernements ouest-africains de s’attaquer aux origines de l’insécurité dans la région, maîtriser les sources de propagation de la violence et œuvrer à la stabilité, avec une aide coordonnée de la communauté internationale, et des Etats-Unis en particulier».
Lire aussi : Mauritanie. G5 Sahel: vives inquiétudes des chefs d'État au sujet de l’insécurité et des conséquences du Covid-19
Peter Pham, envoyé spécial de Washington dans le Sahel, a aussi exposé les quatre éléments clefs de sa mission: «améliorer la coordination avec les partenaires régionaux, internationaux et les organisations internationales. Promouvoir la stabilité au Mali, y compris à travers une transition opportune menée par des civils et qui conduira au retour à l’ordre constitutionnel. Soutenir les efforts pour étendre la légitimité de l’Etat et la bonne gouvernance dans les pays du G5 Sahel et les états côtiers voisins. Empêcher de nouveaux débordements avec des risques d’instabilité dans les autres endroits d’Afrique de l’Ouest».
Au cours de cette visite en Mauritanie, l’envoyé spécial américain au Sahel doit rencontrer d’autres responsables gouvernementaux, des acteurs de la société civile ainsi que le Secrétaire exécutif du G5 Sahel, organisation régionale en charge de mener des politiques de co-développement et de lutte contre le terrorisme.
Le G5 Sahel comprend, outre la Mauritanie, dont Mohamed ould Cheikh El Ghazouani assume actuellement la responsabilité de la présidence tournante de cette organisation, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.