Plus de 3 ans après la suppression du Sénat mauritanien, qui a existé en Mauritanie pendant un quart de siècle, avant sa suppression à la faveur d’un référendum controversé organisé le 5 août 2017, ces anciens élus continuent de se réunir régulièrement dans un bureau situé dans le centre-ville de Nouakchott, près du siège de la compagnie aérienne Royal Air Maroc.
Ces sages ont été récemment reçus à la primature avec une seule revendication: la restauration du Sénat, qui a été supprimé à la faveur d’un référendum organisé en violation des dispositions de la Constitution, et dont le siège a été complètement rasé. Un acte d’une violence morale et psychologique inouïe qui a frappé les esprits.
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Dans cet entretien accordé à Le360 Afrique, le Dr Sidi Cheikh Hanana, président du bureau, dénonce «le coup d’état constitutionnel» perpétré par le régime de Mohamed ould Abdel Aziz, qui a détruit les lieux abritant l’ancienne Chambre haute.
Hanana explique que depuis lors, lui et ses collègues se sont rabattus sur ce lieu du centre-ville pour exercer leurs activités, dans le cadre d’un rapport de force dont le déséquilibre est écrasant.
Cependant, il rappelle que le droit est de leur côté, car les amendements proposés par l’ancien chef de l’Etat ont été rejetés par le Sénat. Un épisode qui a légalement mis fin à toute la procédure référendaire, en parfaite conformité avec les dispositions constitutionnelles.
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L’ancien sénateur déplore, par la suite, l’entêtement de l’ancien président de la République à organiser un référendum «illégal» avec pour un résultat un rejet par l’écrasante majorité du peuple mauritanien. Il invite les nouvelles autorités à revenir sur le chemin de la légalité «car toutes les lois votées par l’Assemblée nationale sont nulles, faute de validation au niveau du Sénat. Cela va dans le sens de l’intérêt du peuple et l’Etat de droit, du bon fonctionnement des institutions et de l’ordre constitutionnel», indique-t-il.
Mohamed Bneijara explique ne pas avoir grand-chose à ajouter aux paroles de son collègue, sauf un rappel d'un point de droit: un référendum constitutionnel ne peut pas être organisé sur la base de l’article 38 de la Constitution. La procédure de révision de la loi fondamentale est fixée par les articles 99 à 101 de ladite Constitution.