C’est dans le cadre de ce contexte qu’il faut placer une déclaration de la Coalition Vivre Ensemble (CVE, issue de la mouvance nationaliste négro-africaine), qui a soutenu la candidature du Dr Kane Hamidou Baba à l’élection présidentielle mauritanienne du 22 juin 2019, plaidant en faveur «du règlement du passif humanitaire des années 1990».
Une proposition dont le préalable est l’abrogation de la loi d’amnistie de mai 1993, en vue de permettre d’entreprendre un processus de justice transitionnelle.
Le document de la CVE évoque d’abord la pendaison de 28 militaires issus de la communauté africaine, au cours de la nuit du 27 au 28 novembre 1990 «pour célébrer le 30é anniversaire de l’indépendance, dans la garnison d’Inal (Nord)».
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En plus des exécutions extrajudiciaires d’Inal, la déclaration rappelle tous les endroits (Azlat, Jreida et ailleurs) «dans lesquels plus d’un demi-millier de militaires noirs ont été lâchement assassinés, les nombreuses victimes des injustices des années de braises, les veuves et orphelins qui n’ont jamais été rétablis dans leurs droits légitimes, 30 longues années après les faits».
La CVE analyse ces exactions comme «un sanglant passif humanitaire, né de politiques aventureuses et d’errements aux antipodes de la devise du pays» et «rappelle la volonté de feu, l’ancien président, Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi (2007/2008) de régler cette question «qui a été étouffée» par le coup d’Etat ayant renversé son régime.
A l’instar de nombreux observateurs, la CVE estime que «l’unité nationale est le principal défi auquel fait face la Mauritanie», celle-ci étant «la condition d’une paix sociale, et de l’instauration d’un véritable système démocratique».
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Pour le règlement du passif humanitaire, la CVE préconise de s’inspirer des exemples d’autres pays africains (Afrique du Sud, Maroc, Rwanda) «à travers des mécanismes institutionnels, inscrits dans le cadre d’un processus de réconciliation nationale, qui passe par une justice transitionnelle».
La justice transitionnelle «désigne un ensemble de mesures judiciaires et non judiciaires permettant de remédier au lourd héritages d’abus ayant abouti à des violations massives de droits humains pendant une période déterminée de l’histoire d’un pays».
Généralement, il s’agit d’une démarche politique et judiciaire permettant de préserver le respect du principe de la mémoire, de la vérité et de la justice, pour aboutir au pardon et à la réconciliation.