Depuis quelques semaines, c'est l'effervescence en ce qui concerne le dialogue politique qui constitue pour certains partis politiques l'alpha et l'oméga pour l'avenir de la société mauritanienne de plus en plus divisée. le problème de l'unité nationale est désormais sur toutes les lèvres et non plus l'apanage des groupes négro-africains. Idem pour celui de l'esclavage.
Ces deux maux de la Mauritanie et l'exclusion qu'ils provoquent devraient être au centre d'un "dialogue social" devant permettre aux Mauritaniens de se retrouver devant l'essentiel. Du coup, le terme "social" pose lui-même problème, jugé réducteur d'un dialogue qui doit être global.
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Ainsi, de nombreux analystes relèvent le caractère "non approprié" de ce qualificatif qui ne répond pas à la situation, estimant que la Mauritanie a plutôt besoin «d’un dialogue national inclusif» permettant d’aborder tous les enjeux qui conditionnent l’avenir du pays: unité nationale, question historique de l’esclavage, passif humanitaire, situation de l’école, problèmes liés à la mauvaise gouvernance, processus électoral,…
Ahmed Cheikh, directeur de publication du célèbre hebdomadaire "Le Calame" relève le caractère impropre de la formulation «dialogue social» strictement réservé au monde du travail, devant impliquer le gouvernement, le patronat et les représentants des travailleurs, notamment les syndicats.
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Il rappelle que le dialogue politique est une vieille et constante revendication de l’opposition en Mauritanie, pays qui fait face à des problèmes de fond au sujet des desquels tous les pouvoirs ont jusque-là refusé le débat: esclavage, passif humanitaire, organisation des élections dont les résultats sont toujours contestés. Des questions qui doivent être posés sur la table et résolus définitivement.
Cheikh Aidara, rédacteur en chef de «l’Authentique» parle d’un dialogue évoqué par la presse et les réseaux sociaux. Il rappelle le concept et le format classiques du «dialogue social» pour dire que ce dernier terme «n’est pas approprié» et qu’un tel exercice ne peut réunir des partis politiques issus de la majorité et de l’opposition.
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Le journaliste revient également sur la recomposition du paysage politique, depuis l’arrivée au pouvoir du président Mohamed Cheikh El Ghazouani, le 1er août 2019, qui a réduit l’opposition à sa plus simple expression par une stratégie de concertation individuelle avec ses différents leaders, sans rien céder dans le fond.
Ainsi, il estime qu’en cas de dialogue, celui-ci «sera forcément politique» et devrait porter sur les grands enjeux au centre des revendications de l’opposition historique, notamment la mouvance négro-africaine et la frange abolitionniste (cohabitation et lutte contre l’esclavage).
Le qualificatif «social» relève ainsi d’une précaution sémantique pour ménager les oreilles des partisans du statu quo.