Mohamed ould Abdel Aziz, ancien chef de l’Etat mauritanien (2008 à 2019), a été libéré sur avis médical motivé et placé «sous contrôle judiciaire renforcé», début janvier, après une double opération à l’hôpital de cardiologie de Nouakchott.
Cette décision des trois juges d’instruction du pôle anti corruption du tribunal de Nouakchott, intervenue après six mois de détention provisoire, est fortement contestée par le collectif des avocats de la défense de l’ancien président de la République.
Maître Taleb Khiyar, rappelle de prime abord la détention à l’Ecole nationale de police et rejette la nouvelle mesure de placement «sous contrôle judiciaire renforcé, un concept qui ne figure pas dans la législation mauritanienne (Code de procédure pénale)».
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La robe noire déplore une démarche qui crée «une situation de non droit, en transformant le domicile de l’ancien président, en une prison de haute sécurité» dans laquelle il est privé de nombreux services élémentaires, avec des visites fortement filtrées,…
Maître Taleb Khiyar présente la nouvelle situation de contrôle judiciaire comme un artifice malicieux qui «ouvre illégalement» la porte d’une procédure au ministère de l’Intérieur, avec de nouvelles et fréquentes tracasseries policières.
L’avocat réclame enfin l’accès de la défense à toutes les pièces dossier, conformément aux exigences du procès pénal, dont la conduite est basée sur le principe du contradictoire.
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Mohamed ould Abdel Aziz et plus de 300 autres dignitaires de son régime, sont poursuivis pour diverses infractions liées à sa décennie de gouvernance (corruption, blanchiment, dissipation de biens publics,...) sur la base d’un rapport de plus 800 pages établi par une Commission d’enquête parlementaire (CEP).
Ce document vise l’attribution «irrégulière» de plus de 100 établissements publics dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, la gestion du Fonds national de revenu des hydrocarbures (FNRH), le foncier à Nouakchott, la gouvernance de la Société nationale industrielle et minière (SNIM),...
La défense dénonce «une affaire politique» déclenchée en violation des articles 92 et 93 de la constitution, estimant qu’un président de la République ne peut être poursuivi que pour des faits de haute trahison devant la Haute cour de justice (HCJ).