Mauritanie: réactions après l'interdiction aux chauffeurs étrangers d'exercer dans le secteur des transports

VidéoUn document de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), publié il y a quelques jours, interdit aux étrangers résidant au pays, d'exercer les activités de transport de personnes et de marchandises. Voici les réactions des principaux concernés par cette décision.

Le 22/02/2022 à 12h38, mis à jour le 22/02/2022 à 12h41

Cette circulaire demande «aux forces de police, surtout celles se trouvant sur les points de passage et les accès des villes, une application rigoureuse des instructions», justifiées par «des raisons sécuritaires» et une revendication des syndicats.

La nouvelle directive devrait toucher particulièrement des chauffeurs de taxis sénégalais et de nombreux Maliens conducteurs de tricycles spécialisés dans le transport de marchandises, estiment les observateurs.

Abdallahi ould Mohamed, dit Naha, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM), une des plus grandes centrales syndicales du pays, rappelle que cette décision n’est pas nouvelle. Elle revient régulièrement sous la pression sociale du chômage.

Par ailleurs, le leader syndical estime que cette annonce devrait être faite par le ministère du Transport dont elle relève du champ de compétences.

Sur le fond de la décision relative à la préférence nationale, il est d’avis que celle-ci peut comporter des avantages, mais aussi avoir un contre coup, dans un contexte largement informel comme celui du transport public dont les employés ont besoin d’un cadre légal.

Modou Fall, chauffeur de taxi, de nationalité sénégalaise, vivant en Mauritanie depuis l’âge de 7 ans, désireux de continuer à exercer son activité professionnelle «dans un pays frère», sollicite un assouplissement de la mesure, tout en exprimant ses dispositions à se conformer à la légalité, en cas de maintien de cette loi. 

Fatou Diop, cliente, active au sein de la Société civile, coupe la poire en deux. Elle s’interroge d’abord sur l’existence suffisante d’une main d’œuvre nationale pour assurer toutes les tâches de transport, et envisage la possibilité d’une formule permettant aux ressortissants des pays frères de continuer à travailler dans le secteur. Cependant, elle comprend la démarche comme une mesure de préférence nationale, comme il est possible d’en voir un peu partout ailleurs chez les pays voisins.

Mamadou Kouyaté, conducteur de tricycle, de nationalité malienne, travaillant dans le transport de marchandises, soutien avoir entendu parler de cette nouvelle mesure, «mais le patron nous a dit qu’elle ne vise que le transport de personnes et non celui des marchandises. Nous travaillons ici dans un pays frère, cela devrait continuer».

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 22/02/2022 à 12h38, mis à jour le 22/02/2022 à 12h41