Mauritanie: le repli identitaire gagne du terrain

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Le 07/07/2016 à 11h27

Les arrestations d’une dizaine de responsables et cadres issus des rangs de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-une ONG anti-esclavagiste) entre le jeudi 29 juin et le dimanche 04 juillet, relancent le débat sur la cohabitation communautaire en Mauritanie.

Le déguerpissement des squatters de la communauté haratine qui occupaient «illégalement» une vaste zone située dans la commune du Ksar (Nouakchott) débouchant sur de violents affrontements avec les forces de l’ordre, le mercredi 28 juin dernier, et la vague d’arrestations de militant de l’IRA, entre le jeudi 29 juin et le dimanche 04 juillet, ont relancé le débat sur la cohabitation des différentes communautés peuplant la Mauritanie.D’ailleurs, dans son message de vœux à la Nation à l’occasion de la célébration de l’Aid El Fitr, marquant la fin du jeûn musulman du Ramadan, le président Mohamed Ould Abdel Aziz est revenu sur la question appelant les Mauritaniens «à faire obstacle à tous les courants dévastateurs qui prônent le sectarisme et le racisme». La majorité présidentielle soupçonnant la main de l’IRA derrière ces violences.Hormis cette sortie du président, c’est le silence radio total au sein de la majorité. Un constat qui contraste avec l’attitude de plusieurs partis politiques et personnalités de l’opposition, qui dénoncent la gestion «catastrophique» d’une affaire portant les germes d’une menace contre l’unité nationale et la cohabitation communautaire.Ainsi, le Mouvement pour la refondation (MPR-mouvance nationaliste négro-africaine) «condamne fermement les arrestations de ces militants des droits de l’homme» qualifiées de «forfaiture qui rappelle la politique du bouc émissaire».Le Rassemblement des forces démocratiques (RFD-opposition) déplore «des incidents de nature à porter atteinte à l’unité nationale» et fustige «les slogans populistes et mensongers d’un pouvoir perpétuant l’injustice par la manipulation».Pour sa part, l’Union des forces de progrès, un autre parti de l’opposition historique, tire la sonnette d’alarme contre la perspective «d’une dérive identitaire et politique née d’une crise qui n’était au départ qu’un affrontement entre citoyens et éléments des forces de sécurité».Plus alarmistes encore, certains mouvements de la mouvance «Haratine», comme l'IRA, considérés comme «extrémistes» par le pouvoir, rappellent à la communauté internationale «son devoir de protéger tout peuple menacé» estimant que les Haratines et les Négros mauritaniens (communautés non arabes) doivent être classés dans cette catégorie.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 07/07/2016 à 11h27