Le gouvernement mauritanien prépare une réforme du système éducatif, la énième d’une série marquée par le syndrome de l’échec permanent depuis 1967, avec pour résultat une réalité qui plonge le niveau de performance des élèves dans les abysses de la médiocrité.
Peu de détails filtrent pour le moment sur les grands axes de la nouvelle orientation de ce secteur vital pour l’avenir et le développement du pays.
Toutefois, celle-ci devrait se traduire par la réservation exclusive des premières années du cycle fondamental à l’enseignement public et donc la suppression de l’intervention du privé au niveau de l’école primaire. Une orientation peu claire, qui suscite déjà un torrent de commentaires sur le registre du rejet.
Les symboles les plus récents de l’échec de l’école mauritanienne au cours des dernières années sont le taux de réussite au bac pour les années 2013 et 2016 qui se situent en dessous du 10%.
D’où ce commentaire de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, premier ministre en 2013. «Malgré tous les efforts consentis, notre système éducatif manque toujours de crédibilité, enregistrant un recul des niveaux et une inadéquation avec les besoins du marché de l’emploi, en plus de la faiblesse de l’encadrement pédagogique, de la mauvaise planification et du manque de recyclage et de formation».
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La Banque Mondiale enfonce le clou
Ce constat établi par un officiel est conforté par un rapport de la Banque mondiale établi il y a quelques années. Ce document constate certes "qu’au cours des 15 dernière années, la Mauritanie a accompli des progrès substantiels en matière de scolarisation passant d’un brut de 43% à 85,6%, principalement grâce à une progression du taux d’accès ds enfants en âge de scolarisation qui passe de 78% à 93%".
Toutefois, poursuit-il, "il est illusoire de penser qu’un taux proche de l’unité est un indicateur de scolarisation universelle, ce qui compte ce sont les enfants qui terminent le cycle avec un niveau d’acquisition acceptable".
Dans le cas de la Mauritanie, on entre ainsi au cœur d’un faible niveau de rétention «puisque 55% seulement des élèves accédant en première année de l'option française terminent le cycle primaire. La situation est encore plus accentuée quand on introduit les variables liées au genre et au lieu de résidence. Il y a un très fort taux de déperdition chez les jeunes filles et les élèves en milieu rural», note le document de la Banque Mondiale (BM).
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Partant, il urge d'aller «vers un système éducatif plus performant, plus efficace et plus équitable. Aborder des aspects structurels jusque-là relativement négligés pour les 15 prochaines années», souligne la Banque mondiale.
Ce rapport relève aussi que l’enseignement des cours multiples en double flux, largement mis en œuvre pendant les années 1990, qui ont permis des avancées en termes de couverture quantitative, ont aussi montré leurs limites. Alors, il faut s’attaquer à des sujets plus structurels tels que celui du financement public et privé, de la rémunération des enseignants, de la qualité des services offerts, les arrangements institutionnels, les questions liées à la gestion.
Le gouvernement met actuellement en œuvre un Plan national de développement du secteur de l’éducation (PNDSE).
Toutefois, la polémique liée à la vente par le gouvernement, de certains sites abritant les premières écoles construites à Nouakchott, après l’accession à l’indépendance du pays, est venue jeter le trouble dans l’esprit des spécialistes de l’éducation. Ces pionniers déplorent les petits calculs d’épicier d’une administration sans vision pour l’avenir.