"Le journaliste est entré en touriste marocain et a travaillé en toute clandestinité, sans accréditation, en violation de la réglementation en vigueur", a affirmé à l'AFP une source de sécurité mauritanienne sous le couvert de l'anonymat, précisant qu'il avait été expulsé le 24 mars vers le Maroc.
Dans un communiqué, Reporters sans Frontières (RSF) a affirmé qu'il avait été "détenu arbitrairement pendant plus de trois jours au siège de la police de Nouakchott, après avoir été arrêté en raison d'un reportage qu'il réalisait sur l'esclavage", au moment où il s'apprêtait à quitter la Mauritanie via la frontière sénégalaise.
"Contacté par RSF, le journaliste précise que les autorités l'ont d'abord +soupçonné de terrorisme, puis d'activisme pour la cause des descendants d'esclaves+", selon le communiqué publié mardi par l'ONG.
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"La détention et l'expulsion de ce journaliste démontrent une nouvelle fois le tabou et la censure qui entourent la question de l'esclavage en Mauritanie", a estimé Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique à RSF, cité dans le texte, ajoutant: "La Mauritanie ne mettra pas fin à la pratique illégale de l'esclavage en empêchant les journalistes de s'y intéresser".
Dans un rapport publié le 22 mars, Amnesty International a dénoncé les dangers qui pèsent sur les défenseurs des droits de l'homme combattant la persistance de l'esclavage et des discriminations en Mauritanie.
L'esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais jusqu'à 43.000 personnes y étaient encore réduites en esclavage en 2016, soit environ 1% de la population totale, selon le rapport, citant des estimations d'organisations antiesclavagistes internationales.
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Malgré des progrès juridiques, notamment l'adoption en août 2015 d'une nouvelle loi faisant de l'esclavage un "crime contre l'humanité", réprimé par des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, contre cinq à dix ans auparavant, la situation n'a pas avancé dans les faits, selon Amnesty.
"Les autorités sont dans le déni et s'en prennent à ceux qui vont contre le discours officiel", avait déclaré François Patuel, chercheur à Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest, lors de la présentation du rapport à Dakar.
Le porte-parole du gouvernement mauritanien, Mohamed Lemine Ould Cheikh, a rejeté ces accusations, reprochant aux organisations humanitaires internationales de se fier à "des sources non crédibles" et affirmant que "des gens sans scrupules, non indépendants et non objectifs sont à l'origine des ces informations mensongères".
Une autre ONG de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, avait également constaté, dans un rapport en février, que les défenseurs des droits de l'homme subissaient des "mesures répressives lorsqu'ils soulèvent les questions sociales les plus sensibles du pays", dont la "discrimination ethnique et de caste" et "l'esclavage".