Mauritanie: les prisonniers graciés à cause du Covid-19 sèment la terreur à Nouakchott

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Le 23/06/2020 à 10h40, mis à jour le 23/06/2020 à 10h41

Libérés pour désengorger les prisons de Nouakchott dans le cadre de la lutte contre l'expansion de la pandémie du coronavirus dans les centres pénitentiaires, des prisonniers graciés créent la panique dans la capitale. Les vols et autres crimes connaissent une hausse inquiétante.

Dans la tourmente de la pandémie du coronavirus, près de 200 détenus purgeant des peines pour des délits ou des crimes relevant du droit commun en Mauritanie, ont bénéficié d’une grâce du président Mohamed Cheikh El Ghazouani, afin d'éviter que la promiscuité des maisons d’arrêt ne servent de clusters à la propagation du virus.

Suite à ces libérations, une série d’actes de délinquance et mêmes de crimes dans certains quartiers de Nouakchott ont été constatés, notamment dans des zones telles que la Sebkha et Netek, un quartier de la commune d’El Mina, véritables épicentres de ces actes réprimés par la loi. 

Les habitants rapportent régulièrement des faits «de ces bandes de jeunes délinquants, souvent drogués, susceptibles de surgir dans votre domicile, parfois en plein jour, avec des armes blanches (couteaux, coupe-coupes, marteaux, machettes, tournevis) pour exiger de l’argent sous la menace, prenant au passage tout ce qu’ils ont à portée de main».

Au beau milieu de cette psychose, l'image de deux policiers arrêtant un jeune homme, l'un d’entre eux mettant le genou sur le cou du présumé délinquant, à la manière du policier américain sur George Floyd, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux au cours du week-end dernier, a suscité de nombreux commentaires.

Une partie de l’opinion a dénoncé cette méthode et certains internautes ont qualifié l’image de photomontage, alors que d’autres évoquent «juste l’usage d’une technique pour arrêter un individu dangereux».

Parmi les forfaits de ces bandes de criminels qui écument certains quartiers de Nouakchott, il y a eu, aussi, le meurtre d’un jeune coiffeur marocain dans la commune de Sebkha (un quartier populaire de la banlieue, au sud-ouest de Nouakchott), en pleine journée de l’Aid el- Fitr. Le meurtrier, qui avait volé le téléphone portable de la victime, a été arrêté par la police quelques jours plus tard.

Quant au site d’informations en ligne lecalame-info, ses journalistes déplorent la situation «dans la zone d’El Mina, dangereuse, avec un fort taux de criminalité, des bandes en quête de proies, qui circulent. Il est rare que ces bandits opèrent la journée, qu’ils passent plutôt à écouler le butin de la veille, le plus souvent au marché aux puces, connu sous le nom de Tieb-Tieb. La conjoncture a changé la donne. Le couvre-feu et la rigueur de cette période de vaches maigres ont, semble-t-il, modifié la stratégie des malfaiteurs. Les cambriolages se font désormais entre 7 et 8 heures du matin» soit après la levée du couvre-feu.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 23/06/2020 à 10h40, mis à jour le 23/06/2020 à 10h41