Abdel Baghy Ahmed Bouha et Mohamed Limam Benna, deux anciens actionnaires de la Nouvelle Banque de Mauritanie (NBM), cédée à Westbridge, investisseurs canadiens, en 2020, sont poursuivis pour diverses infractions et placés en détention provisoire depuis le 18 mars dernier.
Une procédure vivement dénoncée par le collectif des avocats de la défense, qui fustige l’attitude de la Banque centrale de Mauritanie (BCM), accusée de se livrer à un jeu d’ombres pour créer un écran de fumée autour du scandale "d’un contrat de cession inédit" dans les annales du droit et de la pratique bancaire. Une institution cédée à une ouguiya symbolique (monnaie mauritanienne, Ndlr)), sur la base d’un contrat négocié par la BCM, dont toutes les clauses ont été violées, notamment le versement de 12 millions de dollars pour éponger le passif de la NBM.
Un traitement judiciaire à travers lequel les deux banquiers incarcérés sont présentés comme "des agneaux de sacrifice".
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C'est Maitre Yarba Ahmed Saleh qui introduit le point de presse. Il livre la liste des membres du collectif des avocats de la défense des anciens actionnaires de la NBM et annonce la lecture d’un document en arabe et en français, qui sera suivie de la séance questions des journalistes/réponses.
Maitre Lô Gourmo Abdoul, membre du collectif, déplore l’attitude de la Banque centrale "un jeu d’ombres évident, quelque chose qui n’est pas très pas clair, une histoire qui ne sent pas bon entre la BCM et Wesbridge et les anciens actionnaires de la NBM".
Westbridge est une société de droit canadien qui a racheté, le 20 mai 2020, la NBM à une ouguiya symbolique. L’avocat rappelle "l’intense campagne médiatique" menée en faveur des mystérieux acquéreurs à l’instigation de la Banque centrale de Mauritanie (BCM).
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"Des acheteurs présentés comme les sauveurs de la NBM, la clef de voute d’une solution miracle apportée par des supermans. Puis subitement, le nom Westbridge a miraculeusement disparu du langage de la BCM, qui avait pourtant exercé une pression psychologique et morale terrible pour pousser les anciens actionnaires à vendre la banque. C’est même un agent de la Banque centrale qui a fait notarier l’acte de cession", détaille l'avocat.
Seulement déplore t-il, "aujourd’hui, nos clients sont en prison alors que la BCM est incapable de dire à qui appartient la NBM. Est-elle la propriété des actionnaires de départ? Appartient-elle à Westbridge qui n’a pas déboursé un sou dans le cadre de l’opération de rachat et n’a jamais payé les 12 millions de dollars prévus pour éponger le passif?".
C’est à toutes ces interrogations qu’il faut trouver des réponses pour que la vérité et le droit soient dits dans cette affaire, comme l'a déclaré maître Lô.