La régulation au cœur de la souveraineté informationnelle: le Maroc en première ligne à Conakry

Latifa Akharbach, présidente de la HACA du Maroc (à droite) a participé au forum sur l’avenir de la presse guinéenne, organisées par la Haute Autorité de la Communication (HAC) de la Guinée.

Le 20/05/2025 à 12h42

VidéoPrésente à Conakry le 19 mai à l’occasion du forum sur l’avenir de la presse guinéenne, Latifa Akharbach, présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) du Maroc, a délivré un message fort en faveur d’une refonte stratégique de la régulation des médias sur le continent africain.

La participation marocaine au forum sur l’avenir de la presse guinéenne, organisées par la Haute Autorité de la Communication (HAC), a été l’un des temps forts de la rencontre.

Latifa Akharbach, présidente de la HACA du Maroc, a appelé à dépasser les approches techniques pour penser la régulation des médias comme un levier stratégique au service de la souveraineté informationnelle en Afrique. «La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle du Maroc est présente dans ce grand débat organisé par la HAC de Guinée, mais aussi dans le cadre des interactions continues entre les régulateurs des médias sur notre continent», a-t-elle déclaré, insistant sur l’importance d’une coopération accrue entre institutions africaines.

Pour elle, les enjeux actuels imposent une régulation proactive, capable de faire face à des menaces multiples: interférences étrangères, atteintes à la cohésion nationale, ou encore diffusion de contenus nuisibles. «La régulation est une intervention publique indépendante qui permet de garantir la sécurité des citoyens africains dans ce nouvel environnement médiatique. Il y a des risques culturels, pour la dignité humaine, mais aussi des risques sécuritaires», a-t-elle précisé.

Un discours qui a fortement résonné en Guinée, où le secteur des médias traverse une période de turbulences. Amadou Touré, commissaire à la HAC, a salué l’expérience marocaine et celle d’autres partenaires africains, soulignant leur rôle dans le renforcement de la régulation locale. «En Guinée, nous n’avons pas encore d’organe d’autorégulation comme le tribunal des pairs. On veut s’inspirer des expériences d’ailleurs. C’est pourquoi on a invité des instances de régulation du Maroc, du Sénégal et du Mali».

Mais la question de la liberté de la presse n’a pas été éclipsée. Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat de la presse professionnelle de Guinée (SPPG), a lancé un appel fort aux autorités pour la levée des restrictions visant certains médias. «Si la rencontre prend fin le 21 mai et qu’au soir à la RTG on annonce la levée des interdictions, cela pourrait apaiser les tensions».

Malgré des contextes nationaux différents, les échanges ont convergé vers une ambition commune: bâtir un modèle africain de régulation, à la fois solide, indépendant et orienté vers le développement. À travers la voix de Latifa Akharbach, le Maroc s’est affirmé comme un moteur de cette dynamique continentale.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 20/05/2025 à 12h42