Médias fermés en Guinée: comment gagner sa vie lorsqu’on a perdu son travail?

Arabiou Barry, journaliste de profession se retrouve coiffeur pour survivre.

Le 07/02/2025 à 11h52

«Année d’Obscurantisme en Guinée», à lui seul le titre du rapport du Syndicat des Professionnels de la Presse traduit la souffrance des journalistes depuis la fermeture des principaux médias du pays par le régime. Se pose alors la question de la reconversion professionnelle des hommes et femmes privés de leur salaire.

«Nous ne pouvons pas permettre que notre pays sombre dans un obscurantisme total où les journalistes sont réduits au silence par la peur et l’intimidation», cette déclaration de Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) est porteuse de la volonté des journalistes à poursuivre leur mission d’informer. Mais le paysage médiatique se réduit comme peau de chagrin jetant au chômage plusieurs centaines de personnes.

Lors d’une d’une conférence de presse tenue ce mercredi 5 février, Sekou Jamal Pandessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), rappelle, avec regret, la situation difficile dans laquelle vivent de nombreux journalistes guinéens: «Nous avons, tout au long de l’année, rappelé les conditions de vie difficiles auxquelles ces journalistes sont confrontés. Les employés des médias fermés ne parviennent plus à payer leurs loyers. Certains ont même été délogés. Ceux qui ont des parents à l’intérieur du pays sont contraints de repartir ou d’aller vivre chez des amis dans des conditions précaires. Vous voyez jusqu’où on a réduit ces gens, à la plus simple expression d’indignité.»

Depuis leur arrivée au pouvoir, les autorités guinéennes ont suspendu les autorisations de diffusion de trois groupes de presse comme la radio FIM FM et de plusieurs médias des groupes Djoma et Hadafo pour officiellement «non-respect du contenu des cahiers des charges.»

Privés de leurs revenus, certains journalistes ont, au moins provisoirement, trouvé des solutions pour subsister. C’est le cas d’Arabiou Barry, un journaliste brillant ayant collaboré avec plusieurs médias locaux et étrangers, dont Africa 24. «Je suis là de 8 à 20 heures pour faire de la coiffure. C’est vrai que le métier de journaliste me manque beaucoup, car c’est mon domaine de prédilection, ma profession. Parfois, j’arrive à l’occasion de petites piges, à alterner, mais c’est très difficile. Tu termines ta formation, tu es diplômé, tu amorces ta carrière et voilà, au bout d’un certain temps, c’est fini. C’est compliqué

Sékou Jamal Pandessa a lancé un appel aux autorités pour débloquer la situation. «En République de Guinée, on ne s’est pas limité à inscrire le droit à l’information dans la Constitution. Nous avons même adopté une loi spéciale sur le droit d’accès à l’information publique. Cela signifie que l’État a l’obligation de garantir une information indépendante et plurielle», soutient-il. En attendant...femmes et hommes des médias cherchent d’autres jobs. Et ce n’est pas évident.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 07/02/2025 à 11h52