Lors d’une conférence de presse à Alger, Mary Lawlor, rapporteure spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme a exhorté le gouvernement algérien à «libérer tous les défenseurs des droits emprisonnés pour l’exercice de leur liberté d’expression, d’opinion et d’association».
Selon le Comité national pour la Libération des détenus (CNLD), des dizaines de personnes, en lien avec le mouvement pro-démocratie du Hirak ou la défense des libertés individuelles, sont encore emprisonnées en Algérie.
Mme Lawlor a affirmé avoir constaté à travers les entretiens qu’elle a eus lors de sa visite «des schémas de violations utilisés pour réprimer» les défenseurs des droits citant notamment «l’acharnement judiciaire (...) par le biais de multiples poursuites pénales».
«La législation actuellement en vigueur est utilisée pour limiter et sanctionner le travail des défenseurs de droits de l’Homme», a déploré Mme Lawlor, notant le recours à un article du code pénal en lien avec les questions terroristes pour «réprimer» ces militants.
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Selon elle «la définition du terrorisme dans cet article est si vague et si large qu’elle laisse aux services de sécurité une grande marge de manoeuvre pour arrêter les défenseurs de droits de l’Homme».
Mme Lawlor a également déploré le fait qu’il soit «interdit» aux défenseurs des droits d’accéder à des ressources financières de l’étranger, sous peine de prison, une restriction qui «aggrave» selon elle leur «isolement».
Mme Lawlor a également alerté sur «la limitation de la liberté de mouvement» des défenseurs de droits humains et sur le fait que nombre d’entre eux soient interdits de quitter le territoire national.
Lors de son séjour d’une dizaine de jours en Algérie, Mme Lawlor a rencontré une cinquantaine des défenseurs de droits, des journalistes ainsi que des officiels algériens.
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Lors de sa conférence de presse, Mme Lawlor a émis l’espoir que la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), dissoute par les autorités au début de l’année, puisse «reprendre sa place parmi les organisations de la société civile» à la faveur d’une nouvelle loi sur les associations.
Elle a aussi jugé que la dissolution d’une autre ONG de premier plan, le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), était «une sanction trop sévère».