Le bilan de cette crise socio-politique, qui dure depuis la fin de l’année 2016, est des plus lourds. Selon l’ONG International Crisis Group, la guerre de sécession au Cameroun a déjà fait plus de 6.000 morts et 800.000 déplacés.
Les morts se comptent parmi sécessionnistes, civiles, forces armées et police. Le déplacement des populations se fait en interne ou au Nigéria voisin.
Dans cette tuerie jugée sauvage pour de nombreux observateurs, les séparatistes majoritairement anglophones, ne font pas de distinction entre victimes d’expression anglaise ou française.
La situation est alarmante pour des millions de Camerounais qui bravent encore la peur pour rester dans la région nord-ouest du pays.
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Un habitant d’un village de cette région nous a confié: «J’ai fait partir tous les membres de ma famille du village parce que leur sécurité était menacée. Je suis resté et advienne que pourra. A mon âge, je n’ai plus peur de rien» témoigne ce septuagénaire. Il raconte qu’à Bamenda, comme partout dans la région du Nord-Ouest, les populations vivent au rythme des sécessionnistes qui décident de tout: du jour du marché, des déplacements des habitants et des autres activités. Les citoyens qui leur désobéissent sont publiquement assassinés et lorsque c’est tout un village qui leur résiste, il est purement et simplement réduit en cendres.
Pour mettre fin à cette crise, le gouvernement avait organisé en 2019 un grand dialogue national. Un moment d’échanges qui avait connu la participation de plusieurs personnalités dont certaines avaient été présentées au public comme étant les leaders des séparatistes.
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Malheureusement, plusieurs leaders de la société civile et politiques estiment que le pouvoir de Yaoundé devrait reprendre ce dialogue en incluant les vrais donneurs d’ordres séparatistes, lesquels devraient au préalable être libérés des prisons pour une participation saine et conséquente pour tous. Un dialogue organisé dans un pays autre que le Cameroun serait l’idéal, nous l’a confié Mme Eva Etongué défenseure des droits de l’homme.