Centrafrique: Touadéra sur la voie d’un 3e mandat dans un pays toujours fragile

Faustin Archange Touadéra réélu sans surprise.

Faustin Archange Touadéra réélu sans surprise. . DR

Le 28/12/2025 à 13h07

Les électeurs centrafricains ont commencé à voter pour l’élection présidentielle où Faustin-Archange Touadéra part favori pour un troisième mandat consécutif en se targuant d’avoir stabilisé ce pays abonné aux conflits.

Quelque 2,3 millions d’électeurs sont appelés à voter entre 05h00 et 17h00 GMT pour ces élections à la fois présidentielle, législatives, municipales et régionales.

Dans le bureau de vote de la mairie centrale de Bangui, où l’opposant principal Anicet-Georges Dologuélé doit voter, une trentaine de personnes font la queue, majoritairement des militaires. Martin Dekonamkona, 61 ans retraité de l’armée à voulu être parmi les premiers à voter «Je n’ai jamais manqué un vote de ma vie. J’ai toujours fait mon devoir de citoyen. Je vais voter comme en 2016 et 2020» a-t-il déclaré à l’AFP.

Côté gouvernemental, tout semble avoir été programmé pour permettre à Faustin-Archange Touadéra (FAT), 68 ans, de l’emporter dès le premier tour.

Élu en 2016 puis réélu en 2020 lors d’un scrutin entaché d’accusations de fraude, il est accusé d’avoir fait adopter en 2023 une nouvelle Constitution lui permettant de se maintenir au pouvoir.

Une partie de l’opposition boycotte le scrutin, dénonçant une «mascarade» et l’absence de dialogue politique.

Faustin-Archange Touadéra a clôturé sa campagne par un meeting dans le stade de 20.000 places de Bangui, devant une foule mobilisée.

La campagne s’est globalement déroulée sans incidents majeurs, à l’exception de l’interdiction imposée aux principaux opposants, Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, de prendre l’avion pour se rendre en province.

Dans les rues de la capitale, les forces de sécurité étaient omniprésentes, avec des policiers, des soldats et des mercenaires du groupe russe Wagner.

Bien que la situation sécuritaire se soit améliorée depuis la guerre civile des années 2010, elle reste «fragile», selon le président sortant.

Selon plusieurs observateurs, l’armée, soutenue par les mercenaires de Wagner, a repoussé de plusieurs régions les groupes armés rebelles qui avaient perturbé les dernières élections fin 2020.

Sept candidatures à la présidentielle ont été validées, dont deux jugées crédibles face à FAT: Anicet-Georges Dologuélé, le chef de file de l’opposition arrivé second lors des deux dernières élections et considéré comme le principal challenger, et Henri-Marie Dondra, candidat de l’Union Républicaine (UNIR), ancien Premier ministre de FAT passé à l’opposition.

Les résultats provisoires du scrutin présidentiel sont attendus le 5 janvier.

L’Autorité nationale des élections (ANE) affirme avoir accrédité plus de 1.700 observateurs nationaux et internationaux, dont notamment l’Union européenne, la  Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), et 32 de l’Union africaine.

Les scrutins centrafricains clôturent, avec la présidentielle en Guinée organisée le même jour, une année riche en élections sur le continent africain, marquée par une montée de l’autoritarisme et de la répression parfois violente des oppositions et le maintien de nombreux dirigeants déjà en place (Cameroun, Côte d’Ivoire, Tanzanie notamment) à l’issue de votes dont les principaux opposants ont été exclus.

«Candidat de la stabilité»

Aujourd’hui, près de 90% du pays est de nouveau sous l’autorité du gouvernement, contre 80% tenu par les groupes armés en 2021, soulignent plusieurs analystes interrogés par l’AFP.

FAT se présente comme le «candidat de la stabilité», en mettant en avant d’autres progrès en plus de la sécurité: des routes ont été bitumées, l’éclairage public installé sur les principales voies et les canaux d’évacuation des eaux de pluie rénovés dans la capitale.

Mais la vie des Centrafricains, dont 71% vivent toujours sous le seuil de pauvreté, reste précaire, avec un manque des services de base, de routes carrossables, un chômage endémique, un taux de formation faible et un coût de la vie de plus en plus élevé.

La signature d’accords de paix avec trois groupes armés cette année, la présence de l’ONU (Minusca) et celle de quelque 2.000 éléments du groupe Wagner présents à la demande du président devraient garantir un scrutin plus apaisé qu’en 2020.

Une coalition de six groupes rebelles s’était formée en marge de la dernière élection présidentielle pour renverser le pouvoir et n’avait été repoussée que grâce à l’intervention de Wagner et de l’armée rwandaise.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/12/2025 à 13h07