Le chef de l’Etat ougandais, au pouvoir depuis 1986, a notamment fustigé la réouverture en Europe de centrales à charbon face à la crise énergétique causée par la guerre en Ukraine, alors que le Vieux continent demande aux nations africaines de ne pas utiliser de combustibles fossiles.
«Nous n’accepterons pas une règle pour eux et une autre pour nous», écrit Museveni.
«L’incapacité de l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques ne devrait pas être le problème de l’Afrique», ajoute-t-il, critiquant «l’hypocrisie» du Vieux continent.
Ces déclarations font suite aux avertissements des dirigeants africains durant la COP27 sur les conséquences du changement climatique sur leur continent.
En février, des experts du climat de l’ONU (GIEC) avaient estimé que des dizaines de millions de personnes en Afrique seront confrontées à la sécheresse, aux maladies et aux déplacements à cause du réchauffement climatique.
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De leur côté, les pays les plus riches n’ont pas rempli leurs promesses de donner 100 milliards de dollars par an aux pays en développement à partir de 2020 pour les aider à faire face aux conséquences du réchauffement climatique et à rendre leurs économies plus vertes, atteignant seulement 83 milliards de dollars, selon l’ONU.
L’empreinte carbone de l’Afrique est la plus faible de tous les continents, représentant environ 3 % des émissions mondiales de CO2.
«Nous ne permettrons pas que le progrès de l’Afrique soit la victime de l’échec de l’Europe à atteindre ses propres objectifs climatiques», affirme le président ougandais.
Il dénonce également la «faillite morale» de l’Europe, qui «utilise les combustibles fossiles de l’Afrique pour sa propre production d’énergie» tout en refusant «l’utilisation par l’Afrique de ces mêmes combustibles pour la sienne».
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TotalEnergies et la compagnie chinoise CNOOC ont annoncé en février un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda et la Tanzanie, comprenant notamment la construction d’un oléoduc de plus de 1.400 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne.
Le projet, qui inclut notamment des puits de forage dans le parc national des Murchison, le plus grand d’Ouganda, s’est heurté à une forte opposition d’activistes et d’organisations de défense de l’environnement qui affirment qu’il menace l’écosystème fragile de la région et les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes.
Le Parlement européen a adopté en septembre une résolution non contraignante contre le projet, épinglant «les violations des droits de l’Homme» envers les opposants.