Côte d’Ivoire: le parti de Gbagbo n’ira pas aux législatives, un haut cadre inculpé

L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

Le 07/11/2025 à 08h06

Le parti de l’ancien président ivoirien et désormais opposant Laurent Gbagbo ne participera pas aux élections législatives fin décembre, a annoncé jeudi soir la formation politique, dont un haut cadre a été inculpé pour «actes terroristes» en lien avec la présidentielle d’octobre.

M. Gbagbo, comme d’autres figures politiques, a été exclu du scrutin présidentiel en raison d’une décision de justice. L’opposition a vivement critiqué l’élection, remportée avec près de 90% des voix par le chef de l’État sortant, Alassane Ouattara.

Jeudi soir, à l’issue d’une réunion, le Parti des peuples africains - Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo a décidé «de ne pas participer aux prochaines élections législatives», a-t-il annoncé dans un communiqué.

Il invoque «deux raisons essentielles: les conditions d’élections crédibles ne sont pas réunies», et «l’environnement socio-politique délétère ne s’y prête pas (répression, persécutions, harcèlement judiciaire)».

«Il faudrait que le gouvernement accepte de repousser la date des élections», a déclaré Laurent Gbagbo lors de cette réunion, selon un extrait de son discours diffusé sur la page Facebook du parti.

Les législatives sont prévues le 27 décembre. Le principal parti d’opposition, le PDCI de Tidjane Thiam, allié au PPA-CI au sein du «Front commun», a, lui, annoncé y participer.

Y «aller en décembre, c’est couvrir la forfaiture qui a eu lieu, c’est couvrir les blessures et les morts», a dit M. Gbagbo.

Le scrutin présidentiel s’est globalement déroulé dans le calme, avec néanmoins des violences dans un pays où la présidentielle est souvent synonyme de tensions politiques.

Au total, 11 personnes sont mortes dans des manifestations avant le scrutin ou dans des affrontements intercommunautaires le jour même, selon des sources officielles. L’opposition évoque un bilan de 27 morts.

Plus d’une centaine de personnes ont été condamnées à trois ans de prison ferme pour avoir participé à ces manifestations.

Appel à manifester

Jeudi également, un haut cadre du PPA-CI, Damana Pickass, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt notamment pour «actes terroristes» en lien avec la présidentielle, a annoncé le procureur de la République Oumar Braman Koné dans un communiqué.

M. Pickass avait été arrêté mardi près d’Abidjan. Le procureur estimait qu’il avait «appelé à l’insurrection populaire et au renversement des institutions».

Fidèle de longue date de Laurent Gbagbo et tenant de l’aile dure de son parti, il était apparu pour la dernière fois le 16 octobre, lorsqu’il avait appelé les Ivoiriens à manifester dans une vidéo d’une vingtaine de minutes.

Parmi les chefs d’accusation le visant figurent aussi, entre autres, «assassinat», «atteinte aux opérations électorales», «participation à un mouvement insurrectionnel» ou encore «complot contre l’autorité de l’État», selon le communiqué.

Le PPA-CI a dit «exiger sa libération immédiate et sans conditions».

«Ce sont des chefs d’accusation surabondants qu’il ne reconnaît pas», a réagi auprès de l’AFP son avocate Roselyne Serikpa. Pour certains, «il risque la lourde peine de perpétuité», a-t-elle ajouté.

En début d’année, M. Pickass avait écopé de 10 ans de prison pour «atteinte à la sûreté de l’État», concernant des faits remontant à 2021. En l’absence de mandat de dépôt, il n’a pas été incarcéré, comme cela arrive en Côte d’Ivoire, même pour de lourdes peines.

Le PPA-CI a récemment appelé à une manifestation samedi, notamment pour dénoncer les violences qui ont eu lieu lors du scrutin.

Alassane Ouattara, réélu pour un quatrième mandat, prêtera serment le deuxième lundi de décembre - cette année, le 8 - comme le veut la Constitution.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/11/2025 à 08h06