C’est incontestablement la première vraie crise à laquelle fait face l’actuelle junte au pouvoir. Preuve peut-être de sa faiblesse suite à cette évasion des principaux accusés dans le procès des massacres du 28 septembre.
Derrière cette opération, un commando de quatre pickups lourdement armés et dirigés par le fils de Claude Pivi, et ont fait fuir Dadis Camara. Ils ont finalement été retrouvés et ramenés en prison.
Au moins neuf personnes ont été tuées, samedi dernier à Conakry, dans l’opération commando au cours de laquelle des hommes lourdement armés ont fait provisoirement sortir de prison l’ex-dictateur Moussa Dadis Camara et trois codétenus, a indiqué le parquet général lundi 6 novembre.
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Fin d’une évasion qui inquiète à Conakry, dit ce citoyen, Alou Yombouno, qui a vécu les premières heures de la crise : «Des scènes de chaos, des citoyens terrorisés. C’était des scènes difficiles auxquelles on a assisté toute la nuit de vendredi à samedi».
Les citoyens guinéens font leur analyse de la situation. Ciré Diaby parle d’agissement maladroit: «Je pense qu’ils n’auraient pas du s’évader, car s’ils ont décidé de rentrer au pays c’était pour que la vérité soit dite (lors du procès des massacres du 28 septembre 200, ndlr). Mais là, ils ont donné raison à ceux qui doutent de leur bonne foi».
Certains pensent que cette décision prouve surtout combien le système de sécurité de la junte au pouvoir est défaillant: «Cette évasion met à nu les défaillances du dispositif de sécurité de la junte et des services de renseignements. Normalement, on devait pouvoir anticiper et savoir ce qui pourrait arriver».
Les massacres du 28 septembre 2009 font suite à une manifestation de partisans de l’opposition guinéenne à Conakry, contre les projets du chef de la junte militaire au pouvoir, dirigée alors par Moussa Dadis Camara, de se présenter à l’élection présidentielle. Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées et au moins 109 femmes ont été violées ces jours-là, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Les victimes et leurs familles ont dû attendre le 28 septembre 2022 pour que l’ancien dictateur Moussa Dadis Camara et les 10 autres accusés soient enfin jugés.