Procès des massacres du 28 septembre en Guinée: de l’allié d’hier à l’accusateur d’aujourd’hui

Le procès du 28 septembre, Conakry, Guinée.

Le 13/10/2023 à 13h34

VidéoTrès attendu en Guinée, le deuxième round du procès de l’ancien président Moussa Dadis Camara a tenu toutes ses promesses. Les hostilités entre l’ancien putschiste et son aide de camp, Toumba Diakité, ont repris sur fond de tensions.

La tension dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 a atteint un pic après plus de 100 jours d’audience.

«Ce qui est constant et qui mérite d’être relevé, c’est le fait que le témoin appelé à la barre aujourd’hui, Mamadou Diallo avoue n’avoir pas vu monsieur Toumba Diakité avec une arme. Comme il dit ne l’avoir jamais vu commettre les infractions pour lesquelles il est renvoyé devant le tribunal criminel», a déclaré Lancinet Sylla avocat de Toumba Diakité. «Tout le reste, n’est que diversion», poursuit l’avocat.

A l’opposé, maître Bernard Millimono, avocat de la partie civile, dit n’avoir entendu aucun mot qui plaiderait en faveur du l’accusé Toumba Diakité. Et il souligne que Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba lui-même a déjà, à l’occasion de son passage à la barre, dit toute la vérité : «Nous avons toujours dit que le commandant Toumba ne pouvait pas quitter le camp Alpha Yaya Diallo et venir au stade du 28 septembre uniquement pour sécuriser le président Moussa Dadis Camara. Ce n’est pas possible».

A noter que le procès a connu plusieurs reports notamment en raison d’un mouvement de protestation des gardiens de prison, et aussi une grève des avocats et magistrats.

Les massacres du 28 septembre 2009 font suite à une manifestation de partisans de l’opposition guinéenne à Conakry, contre les projets du chef de la junte militaire au pouvoir, dirigée alors par Moussa Dadis Camara, de se présenter à l’élection présidentielle. Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées et au moins 109 femmes ont été violées ces jours-là, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.

Les victimes et leurs familles ont dû attendre le 28 septembre 2022 pour que l’ancien dictateur Moussa Dadis Camara et les 10 autres accusés soient enfin jugés.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 13/10/2023 à 13h34