Depuis le renversement par les militaires du pouvoir d’Ali Bongo Ondimba le 30 août dernier, le régime d’exception en vigueur dans le pays imprime ses marques. La promesse des nouvelles autorités est de restaurer les institutions, qui passera par une concertation nationale. Mais avant, le gouvernement a tenu à recueillir par écrit l’avis des citoyens.
Au ministère de la Réforme des institutions, le secrétariat chargé de la collecte des contributions est submergé par le flux des des citoyens venus à la dernière heure faire connaître leur opinion «Mon bureau connaît une affluence particulière», déclare Carine Emilie Mayiba, l’une des secrétaires chargée de recevoir les contributions.
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Une fois transmis à ce service, les dossiers suivent le circuit allant de la salle des lecteurs avant d’être enregistrés par des opérateurs de saisie. Les contributeurs individuelles ou collectives reçoivent un accusé de réception.
Tous les Gabonais résidents ou non sur le territoire sont concernés par le projet du dialogue en gestation. Pourtant au sein de la classe politique, certains leaders n’y ont pas souscrit «Des contributions supposent qu’il y a déjà un projet qu’il faut renforcer. Est-ce que ceux qui ont fait le coup d’état, ou le coup de palais avaient un programme qu’on doit renforcer par nos contributions? J’ai du mal à comprendre», avoue Jean- Victor Mouang Mbanding, Président du Mouvement d’Émancipation socialiste du Peuple (MESP).
Malgré sa prise de position, le leader du MESP n’exclut pas une participation de son mouvement au dialogue d’avril 2024. Comme lui, beaucoup d’autres acteurs politiques de l’opposition ou du pouvoir déchu préparent leur participation à ce rendez-vous censé réécrire la Constitution gabonaise. «La Constitution doit être revue de manière à ce qu’on ne puisse plus la tripatouiller. Il faut qu’on revoie le Code et le découpage électoral», suggère Christiane Bitoughat, militante du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et ancienne ministre du Travail.
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Les contributeurs font leurs diagnostics de la situation générale du pays ou sectorielle et proposent des solutions. «Nous avons fait le diagnostic de la situation institutionnelle, des dysfonctionnements au niveau administratif, politique et économique. À partir de là, nous avons fait des propositions qui selon nous devraient permettre de remettre le Gabon sur les rails de la bonne gouvernance», explique Alexandre Barro Chambrier, président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM).
Au-delà de la refonte du système politique et institutionnel, le dialogue national devra bien compter avec des préoccupations touchant le quotidien des populations des zones tant urbaines que rurales. «Je ne suis pas d’accord avec la manière avec laquelle on exploite nos richesses. Nous les exportons à l’état brut. Or, une richesse qu’on exporte à l’état brut nous appauvrit. C’est comme si on voulait exclusivement enrichir les pays qui exploitent nos ressources», s’indigne Jean Moussavou, expert en environnement, qui vient de déposer le formulaire de sa contribution auprès du service compétent.
Après l’inventaire des problèmes, un rapport général des contributions fera l’objet d’une restitution officielle en janvier prochain, selon le ministère de la Réforme des institutions.