Raphaël Mouissi, la soixantaine révolue est un cadre de l’administration encore bouleversé par le verdict de la CIJ en faveur de Malabo. «Savoir que l’on perd une partie de son territoire provoque forcément un pincement au cœur. Nous devons simplement tirer les leçons de cette situation par rapport à la conservation de nos archive», confie-t-il visiblement abattu.
D’une longueur d’à peine un kilomètre, les minuscules îles de Mbanié et les deux petits îlots de faible altitude, Cocotiers et Conga, situés au large du golfe de Guinée, ne sont pas suffisamment grands pour être à l’origine d’un différend territorial. Mais la découverte de pétrole dans les eaux entourant les îles a changé la donne.
La Cour a estimé que la photocopie du traité de Bata signé en 1974 et brandit par le Gabon n’était pas juridiquement valide. Conséquence, les Îlots Mbanié, Cocotiers et Conga, sont désormais la propriété exclusive de la Guinée équatoriale.
En misant sur un éventuel arrangement à l’amiable de la redéfinition des frontières communes entre les deux États, certains comme Fred restent sereins. «C’est un problème sous-régional. Si on a un territoire commun et des eaux communes, nous devons nous asseoir pour régler ce différend», espère cet employé de banque.
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Le différend territorial entre le Gabon et la Guinée équatoriale autour des îlots de Mbanié, Cocotiers et Conga dans la baie de Corisco est un vieux contentieux héritage du passé colonial aux alentours de 1900.
«La France n’a pas aidé le Gabon comme l’a fait l’Espagne avec la Guinée Équatoriale en lui rétrocédant les originaux du traité de 1900. Voilà tout le problème!», pense pour sa part, Richard Mvé, enseignant.
Pour plusieurs observateurs, le verdict de la Cour internationale de Justice de la Haye est perçu comme une belle opportunité pour le Gabon de se réapproprier son histoire par la formation de ses élites.
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«Si on avait appris les Gabonais à maîtriser le tracé de leurs frontières ceci nous aiderait à transcender les émotions sur ce dossier», a déclaré Sentiment Ondo, acteur de la société civile.

En plus de cinquante ans de désaccord, aucun coup de feu, aucune menace, juste des discussions, parfois tendues, mais toujours diplomatiques. Et c’est peut-être cela, aujourd’hui, la véritable victoire: celle de deux États africains qui ont choisi la voie du droit plutôt que celle de la force.