Gabon: l’ex-parti au pouvoir fait son mea-culpa

Assises du Parti démocratique gabonais.

Le 19/03/2024 à 11h58

VidéoUn peu plus de six mois après avoir perdu le pouvoir suite à un coup de force militaire, le Parti démocratique gabonais (PDG) a animé une série d’activités marquant son 56ème anniversaire. À l’occasion de ces assises dites d’auto-critique et de refondation du parti, cadres et militants ont fait leur propre examen de conscience sur la gestion du pays.

Étudiante à l’institut des sciences et de l’organisation (IUSO), Nadia, 23 ans, avoue ne pas croire à la demande de pardon de l’ex-parti au pouvoir «Je me dis qu’ils veulent se relancer dans le jeu politique. C’est juste une stratégie», dit-elle.

Pourtant, la nouvelle Secrétaire générale du PDG souligne la nécessité «d’un examen critique du passé pour mieux préparer l’avenir». Angélique Ngoma a imploré «le pardon des militants, des sympathisants et de l’ensemble des Gabonais pour les erreurs passées», affirmant que c’était le premier pas vers la construction d’une société meilleure.

Dans l’opinion publique à Libreville, la sortie du PDG continue d’alimenter les discussions. «Le PDG a géré le pays pendant plusieurs années. Qu’ils viennent demander pardon, je pense que c’est tout à fait logique pour le mal qu’ils ont fait aux Gabonais», estime Landry, diplômé sans emploi.

Après plus d’un demi-siècle à la tête du pays, les dirigeants du PDG sont tenus par leurs adversaires politiques pour responsables du retard de développement du Gabon. Le temps d’introspection que s’offre la nouvelle hiérarchie du parti de «masse» est perçu par certains analystes politiques comme une volonté de participer à la reconstruction du pays.

«Nous sommes un petit pays et s’il faut aller de l’avant il faudrait qu’on se pardonne. Nous ne sommes que des humains et on a un pays à reconstruire. Je pense qu’il faut reconstruire avec tout le monde», estime Lubin, enseignant.

Si à travers ses déclarations, le PDG envoie un signal fort à la population gabonaise: celui d’un parti prêt à reconnaître ses faiblesses, à demander pardon et à travailler pour un avenir meilleur pour tous. En revanche une thèse défendue par certains radicaux milite pour la mise place d’une commission vérité, pardon et réconciliation. «Il faut bien que les gens s’expliquent. Le PDG est bien capable de se défendre alors qu’il vienne se défendre. Pour moi, ça donnerait une bonne suite au Gabon», a déclaré Léandre Assa, universitaire.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 19/03/2024 à 11h58