Plus de 70 ans après la création de l’Organisation des Nations unies, les experts présents au colloque ont été unanimes sur le fait que le fonctionnement de ce système multilatéral est en berne et ont appelé à sa réforme. Pour y arriver, les recettes ne manquent pas, et tout commence par l’ouverture du débat dans les temples du savoir africains. «Aucune place ne saurait être attribuée à l’Afrique au sein des institutions internationales sans une revendication dont les bases doivent être jetées au sein des universités africaines à travers une stratégie bien affinée», a préconise Pr Daniel Franck Idiata, hôte du colloque.
La voix l’Afrique dans le système multilatéral reste inaudible. Cette triste réalité est à l’évidence fondée sur l’interprétation que certaines élites africaines se font de la notion de communauté internationale. Selon les spécialistes des arcanes de la diplomatie, cette dernière est contraire au cadre actuel de la société internationale avec sa vision «totalitaire» de la marche du monde. «Par communauté, on entend la forme particulière des rapports dans les groupements humains caractérisée par une solidarité naturelle, spontanée et animée par les objectifs communs. Il est difficile de reconnaitre le monde tel qu’il est dans ce modèle», a constaté Pr Guy Rossatanga-Rignault, enseignant de droit public et de sciences politiques.
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Il convient de souligner que l’actualité internationale marquée par le conflit russo-ukrainien s’est invitée à ce colloque. L’Afrique est presque sommée de choisir son camp dans une guerre qui oppose deux Etats voisins avec en arrière-plan une partie de l’Occident et de l’Europe.
Pour Tikey Lembé, enseignant de sciences politiques aux Etats-Unis, il s’agit d’une expérience qui doit inciter l’Afrique à structurer sa logique des relations internationales. «Il faut repenser l’école des relations internationales en fonction de notre vécu et en fonction de notre philosophie. Et en tant qu’Africain, je ne peux pas penser qu’entre le Cameroun et le Gabon, il n y a que les intérêts. Non! Parce que fondamentalement, nous nous voyons comme des frères. Remarquez que les Occidentaux parlent d’amitié dans leurs relations internationales. Nous, nous parlons de fraternité. C’est différent», a-t-il expliqué.
Comme lui, beaucoup d’intellectuels africains militent pour des relations internationales plus équilibrées.