«La Commission électorale nationale proclame le candidat Obiang Nguema Mbasogo, président de Guinée équatoriale pour les 7 prochaines années», a annoncé Faustino Ndong Esono Eyang, président de la Commission électorale, qui a précisé que le taux de participation s’établissait à 98%.
La réélection de Obiang laissait peu de doute. Il a toujours été élu avec plus de 93% des voix, à la tête d’une coalition de 15 partis emmenée par son tout-puissant Parti Démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE). Plusieurs de ses partisans ont exulté dans la salle à l’annonce des résultats, aux cris de «Obiang meilleur président», alors que dans les rues de la capitale, Malabo, l’ambiance était calme, sans effusion de joie, ni célébrations particulières, a constaté un journaliste de l’AFP.
Outre l’élection présidentielle, le PDGE et sa coalition s’adjugent l’ensemble des 100 sièges de députés et des 55 de sénateurs mis en jeu lors des élections législatives et locales qui se tenaient simultanément. Le PDGE qui disposait de 99 sièges dans l’Assemblée nationale sortante gagne même un député.
Les pourcentages obtenus par les candidats de l’opposition, Andrés Esono Ondo de Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), seul parti d’opposition qui ne soit pas interdit, et Bonaventura Monsuy Asumu, du Parti de la coalition sociale démocrate (PCSD), n’ont pas été communiqués. Ils ont respectivement recueilli 9.684 et 2.855 suffrages - sur plus de 400.000 votants.
Esono Ondo avait dénoncé par avance des «fraudes massives». «Le régime discrimine et le gouvernement gouverne seulement pour la famille Obiang», avait-il asséné, avant le scrutin, dénonçant ce qu’il considère comme une « dictature ». Contacté par l’AFP, le principal candidat d’opposition n’avait pas réagi aux résultats dans l’immédiat.
Dans les semaines qui ont précédé le scrutin, comme avant chaque élection, les forces de l’ordre ont mené une impitoyable campagne d’arrestations d’opposants. Au motif cette fois, selon le régime, qu’elles ont déjoué un «complot» de l’opposition prévoyant des «attentats» à Malabo et Bata, la capitale économique.
- Répression -
«Les résultats définitifs du scrutin nous donnent une fois de plus raison. Obiang Nguema Mbasogo réélu président avec 94,9% des voix, ce qui équivaut à 405.910 voix. Nous continuons à prouver que nous sommes un grand parti politique», a écrit sur Twitter son fils, Teodoro Nguema Obiang Mangue, alias Teodorin, vice-Président du pays et un temps pressenti pour lui succéder.
Un total de 427.661 Equatoguinéens sur 1,4 million d’habitants étaient inscrits sur les listes électorales de ce petit Etat pétrolier d’Afrique centrale dirigé depuis quatre décennies par Obiang qui détient le record de longévité des chefs d’Etat en exercice, hors monarques.
Le chef de l’Etat, âgé de 80 ans, avait pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1979 dans ce pays indépendant de l’Espagne depuis 1968. Son régime est régulièrement accusé par les ONG internationales et des capitales occidentales de réprimer toute opposition et de bafouer les droits humains, et blâmé pour une corruption endémique.
«L’histoire de la Guinée équatoriale se répète depuis 43 ans et la vision politique établie par le gouvernement va se poursuivre après cette élection. C’était prévisible y compris pour l’opposition. On s’attendait même à un score plus proche des 98%», a réagi à l’AFP Justo Bolekia, écrivain équato-guinéen et professeur à l’université de Salamanque.
Troisième producteur de pétrole et troisième pays le plus riche d’Afrique sub-saharienne en PIB par habitant en 2021, selon la Banque mondiale, l’essentiel de la richesse de la Guinée équatoriale reste concentrée dans les mains de quelques-uns.
L’institution de Bretton Woods n’a pas de données récentes sur le pays mais elle estimait en 2006, quand la manne pétrolière jouait à plein, que près de 80% de la population vivait en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,9 dollars par jour par habitant).