Guinée: la société civile s’oppose à la prolongation de la transition

Ibrahima Diallo, voix forte de la société civile guinéenne.

Le 24/05/2024 à 14h37

VidéoLe Front national pour la défense de la Constitution a annoncé son opposition à tout projet de glissement du chronogramme de la transition dont la fin était prévue pour décembre prochain. A Kigali où il assistait à un forum des chefs d’entreprises privées, le Premier ministre Bah Oury avait laissé entendre que ce délai pourrait être repoussé au profit d’un «référendum constitutionnel».

La polémique, finalement devenue une véritable préoccupation car laissant entrevoir un début de crise, est partie d’une sortie Premier ministre Bah Oury qui a confirmé la volonté des autorités de prolonger la durée de la transition.

A Kigali où il a assisté à Africa CEO Forum 2024, le Premier ministre a laissé entendre que le délai pour le retour à l’ordre constitutionnel pourrait être repoussé. «Le calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel, tel qu’il a été défini, ne sera pas respecté. Initialement, la fin de la transition, c’était à la fin de cette année. Mais cette année, ce qui pourra être organisé, c’est le référendum constitutionnel» a déclaré Bah Oury en marge de cette rencontre dédiée au secteur privé.

Une option impensable pour les acteurs de la société civile guinéenne. Ibrahima Diallo, voix forte de la société civile guinéenne confie: «Nous avons estimé qu’il était temps d’exprimer notre opposition a toute prolongation de la transition» a t-il déclaré en conférence de presse le 21 mai.

En effet, le Premier ministre Bah Oury a confié que l’éventualité d’un retour à l’ordre constitutionnel tel qu’il a été défini ne le sera plus. «Une décision de dernière minute qui vient défaire l’accord avec la Cedeao qui fixait la fin de la transition au mois décembre 2024», rappelle le journaliste Amadou Barry.

«L’accord entre les autorités guinéennes et les institutions sous-régionales avait retenu décembre 2024 comme fin de la tradition. Nous avons entendu récemment à Kigali le Premier ministre guinéen affirmer que la transition n’est pas prête de s’arrêter», rappelle-t-il.

Une sortie qui préoccupe aussi Ibrahima Diallo qui a indique que «ce qu’aurait dû faire le Premier ministre après sa nomination, c’était d’aller vers les acteurs des forces vives, les inviter au dialogue pour évaluer objectivement le processus de la transition».

Parmi les annonces phares de ces acteurs de la société civile, il y a la reprise prochaine des manifestations si rien n’est fait. D’ici là, l’option dialogue reste néanmoins ouverte.

Bah Oury, Premier ministre nommé le 27 février 2024 peine à convaincre l’opposition. Et pourtant, son choix s’inscrivait essentiellement dans la dynamique de regrouper les acteurs sociopolitiques autour d’un même objectif, aplanir les différends. Mamady Doumbouya dirige le pays suite au coup d’état perpétré contre Alpha Condé le 5 septembre 2021.

La junte a interdit toute manifestation depuis 2022, et fait arrêter, engagé des poursuites contre ou poussé à l’exil un certain nombre de dirigeants de l’opposition, dont des membres du Front national pour la défense de la Constitution.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 24/05/2024 à 14h37