«Il ne faut pas dormir sur la natte d’autrui»: à Ouagadougou, la suspension de l’aide US est une question de souveraineté

Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Le 10/02/2025 à 08h19

VidéoPremiers pourvoyeur mondial de l’aide au développement, les États-Unis ont alloué plus de 64 milliards de dollars en 2023 à 150 pays dont ceux de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). La décision de l’administration Trump de suspendre cette aide en janvier 2025 est largement commentée par les Burkinabè.

Au Burkina Faso, la suspension pour 90 jours de l’aide américaine aux pays africains alimente les débats. Si pour beaucoup de citoyens cette mesure impacte négativement les programmes humanitaires et de développement en cours sur le continent, pour d’autres, à l’instar de Ghislain, c’est un non-événement en ce sens qu’elle conforte la vision des dirigeants des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

«Les États-Unis n’ont fait que poser un acte de souveraineté qu’il faut assumer fièrement. Il revient maintenant aux pays bénéficiaires de savoir qu’on ne dort pas fièrement sur la natte d’autrui en ronflant. Nous, en tant que pays de l’AES, nous devons tirer des leçons que Donald Trump vient de donner et que nos trois dirigeants ont toujours soutenus», soutient Ghislain Dabiré.

La nouvelle administration américaine justifie cette suspension par son désir de réexaminer le système d’aide internationale. À la question de savoir si la mesure devrait être reconsidérée, certains sont catégoriques. Pour Ismaël Sessouma, il est plus que temps pour les pays africains et particulièrement pour ceux de l’AES d’assumer pleinement leur souveraineté.

«J’accueille avec joie la suspension de l’aide américaine car cela pourrait amener le renforcement de l’économie africaine. L’absence de l’aide américaine obligerait les pays africains à trouver des solutions internes à leurs problèmes, notamment en se focalisant sur la diversification de leurs économies, le développement de l’industrie et l’innovation locale», estime Ismaël Sessouma, un étudiant.

Ferdinand Zoungrana estime pour sa part que la suspension de l’aide américaine aux pays africains leur offre l’occasion de se réinventer. Selon Ferdinand, cela passera par une redéfinition de nos politiques générales.

«Moi, je prends toujours l’exemple de l’enfant qui vient au monde, qui grandit et qui change peut-être de tuteur. Pour moi, cet enfant-là survivra. Tout dépend de comment l’enfant arrivera à trouver le courage et la force nécessaires pour pouvoir se réorganiser et atteindre ses objectifs», s’en convainc-t-il.

Près de 150 pays dans le monde bénéficient de l’aide extérieure américaine à travers son agence USAID. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso bénéficient de plus de 700 millions de dollars destinés à des actions humanitaires.

Par Jean Paul Windpanga Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 10/02/2025 à 08h19