Le Grand barrage de la Renaissance (GERD), présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique, a été inauguré début septembre.
Depuis plus d’une décennie, il est vertement critiqué par Le Caire, qui, craignant un tarissement de sa principale source d’approvisionnement en eau, martèle qu’il constitue une «menace existentielle».
Vendredi, le ministère égyptien des Ressources en eau a affirmé que l’opérateur du barrage a rejeté juste après l’inauguration «d’énormes quantités d’eau» ce qui a «entraîné l’inondation de terres agricoles et l’immersion de nombreux villages» au Soudan voisin.
Cette action reflète «une administration indisciplinée et irresponsable d’un barrage», avait poursuivi le ministère égyptien.
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Plusieurs régions du Soudan, dont la capitale Khartoum, sont touchées par des inondations depuis plusieurs semaines, imputées, selon les autorités soudanaises, au changement climatique, à des précipitations exceptionnelles et à l’ouverture de vannes du barrage.
Addis Abeba, dans un communiqué publié samedi par son ministère de l’Eau, a qualifié les déclarations des autorités égyptiennes de «pernicieuses et mensongères, destinées à tromper la communauté internationale».
La cause des inondations au Soudan «est principalement l’augmentation des volumes d’eau du Nil Blanc, qui est un tributaire du Nil et qui n’a rien à voir avec l’Ethiopie», a justifié Addis Abeba.
Le GERD se trouve sur le Nil Bleu, qui prend sa source en Ethiopie et s’écoule jusqu’au Soudan, où il rencontre le Nil Blanc pour former le Nil. Le Nil Bleu fournit jusqu’à 85% des eaux du Nil.
Le mégabarrage aurait à l’inverse permis cette année d’éviter des «destructions historiques de vies humaines et d’infrastructures» au Soudan et en Egypte ces derniers mois après «de fortes pluies dans les Hautes terres éthiopiennes», a avancé l’Ethiopie.
L’Egypte, pays d’environ 110 millions d’habitants, dépend du Nil pour 97% de ses besoins hydriques, notamment pour l’agriculture.
Pietro Salini, le PDG de Webuild, maître d’oeuvre du projet, avait affirmé lors d’un entretien à l’AFP début septembre que les barrages «libèrent de l’eau pour produire de l’énergie. Ce ne sont donc pas des systèmes d’irrigation qui consomment de l’eau. Il n’y a pas de changement dans le débit».